La grosse vague de la pandémie de coronavirus semble être dépassée en Asie et en Europe de l'Est, contrairement aux États-Unis ou en Afrique. Un état de fait qui met les gouvernements du monde, notamment ceux du continent noir, face au défi majeur du déconfinement ou de l'allègement des mesures barrières.
D'où la pertinence de l'initiative de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (Cea) qui avait convoqué la réflexion autour de : « Les stratégies de déconfinement de l'Afrique pour sortir de la crise de COVID-19 ». C'était au cours d'un débat mondial virtuel tenu dans la matinée de ce jeudi 7 mai.
Cette réflexion a fait jaillir des idées pertinentes dans un contexte où certains pays africains commencent à annoncer leurs plans de déconfinement et le débat autour des avantages du confinement se poursuit.
Compte tenu de la complexité du processus, le débat de la CEA s'est ainsi focalisé sur les choix politiques, les défis et les risques auxquels sont confrontés les gouvernements afin d'identifier les options de déconfinement appropriés.
A travers ce panel virtuel modéré par M. Amadou Mahtar Ba, Président exécutif, AllAfrica Global Media Inc, la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique estime qu'un confinement d'une durée d'un mois à travers l'Afrique coûterait au continent environ 2,5% de son PIB annuel, soit 65 milliards de dollars américains.
Afin de limiter la propagation du virus, souligne cet organisme onusien, au moins 42 pays africains ont opté pour un confinement partiel ou total.
La CEA avertit que plusieurs facteurs affecteront sans aucun doute la stratégie de déconfinement de chaque pays.
Ce qui fait dire à Mme Vera Songwe, Secrétaire générale adjointe de l'ONU et Secrétaire exécutive de la Commission économique pour l'Afrique qu'il faut aller vers une stratégie réfléchie car le confinement coûte cher au continent.
En outre, précise-t-elle, toute stratégie de déconfinement se devra de trouver un équilibre entre protéger la vie tout en atténuant les défis économiques et continuer à éradiquer la propagation du virus.
Dans cette dynamique, M. Kennedy Odede, l'un des orateurs basé au Kenya, estime que cette crise peut-être une opportunité pour l'émergence de l'Afrique.
A cet effet, il prône un déconfinement réussi qui nécessite la mise à disposition, au préalable, d'argent ou de vivres pour les populations.
Le Docteur Ibrahim Assane Mayaki PDG, Agence de développement de l'Union africaine, pour sa part, plaide pour une démarche rapide afin d'amoindrir l'impact économique de la pandémie mais aussi effectuer des tests en masse pour préserver la santé des populations.
Selon lui, la COVID-19 pose la problématique la gouvernance des crises en Afrique. A cet effet, il estime que les solutions régionales sont fondamentales dans ce contexte de lutte contre le coronavirus.
Abondant dans le même sens, S.E. Mme Arancha Gonzalez Laya, Ministre des affaires étrangères, de l'Union et de la coopération européenne d'Espagne, a tenu à clarifier : « personne n'est responsable, tout le monde est infecté ».
A son avis, il y a une nécessité de joindre les efforts de lutte pour faire face à cette pandémie en développant des stratégies globales.
Pour Mme Laya, le monde doit apprendre beaucoup de cette crise notamment la résilience des systèmes sanitaires et économiques. Tout en faisant part de la disponibilité de l'Espagne à partager son expérience de la gestion de la crise avec l'Afrique.
Le rôle de la presse souligné
Le débat mondial sur « Les stratégies de déconfinement de l'Afrique pour sortir de la crise de COVID-19 » a également été une opportunité pour les animateurs issus de secteurs différents de rappeler le rôle essentiel des médias dans cette nouvelle donne.
M. Mostapha Mellouk, PDG de Casablanca Media Partners et Fondateur du Centre de réflexion Africa2025 comme M. Amadou Mahtar Ba Président exécutif, AllAfrica Global Media Inc, en véritable hommes des médias ont porté le plaidoyer.
Selon M. Mellouk, « nous devons apprendre à vivre avec le virus tout en respectant les barrières sociales et les médias ont un rôle essentiel à jouer dans ce processus en contribuant à mettre à la disposition des populations les bonnes informations ».
Le plaidoyer est également porté par M. Uzziel Ndagijimana Ministre des finances et de la planification économique, République du Rwanda, Professeur Haroon Bhorat Professeur d'économie et Directeur de la recherche sur les politiques de développement, Université du Cap ainsi Mme Vera Songwe qui ont reconnu l'importance de placer les médias au cœur du dispositif.