Notre Continent passe par une crise inédite provoquée par la pandémie du Coronavirus. Tous les paramètres analysés annoncent de graves répercussions, car si une mobilisation forte n'est pas engagée, de pandémique, la crise deviendra économique puis sociale voire politique.
L'expérience du confinement, vécue par les africains, a mis à nu nos faiblesses, redéfini les priorités, mais aussi, fait ressortir le meilleur.
Une sortie de crise, ça se prépare. Celle qui nous attend sera complexe, car pour la première fois, une grande partie de nos économies respectives, a du s'arrêter pendant au moins 2 ou 3 mois.
Les opérateurs économiques n'auront aucune visibilité compte tenu de toutes les incertitudes que vont provoquer les déficits, la durée du marasme, le chômage, la réouverture des frontières,…
De leur côté, nos enfants ont expérimenté l'éducation à distance et ont vu du jour au lendemain, tous les repères de l'apprentissage classique voler en éclats.
Dans le domaine de la santé, dont les professionnels ont été en première ligne pour combattre le coronavirus, la nécessité d'une restructuration totale devrait figurer parmi les priorités des politiques publiques. Compte tenu des moyens nécessaires pour cette mise à niveau, seule une approche préventive basée sur une stratégie de communication tous azimuts, permettrait de généraliser les bonnes pratiques sanitaires.
Pendant cette période de confinement, médias TV, radios, et digitaux n'ont jamais été autant suivis. Les éditions d'informations ont en grande partie été dédiées à la communication sur la pandémie et sur les mesures décidées par les autorités publiques. Plusieurs émissions ont été consacrées au sujet, de manière à s'assurer la bonne compréhension des stratégies de chaque pays.
Cette situation inédite sera, nous l'espérons, bientôt derrière nous. Saurons nous saisir l'opportunité qui s'offre à notre continent pour tout remettre à plat et partir, cette fois ci, sur un bon pied ? Après le Covid-19, va t'on laisser planer le Vide? Ce serait une erreur irrattrapable, tant les risques de déception qui en découleraient pourraient être conséquents pour nos relances économiques et nos cohésions sociales.
Pour faire face à l'après Covid-19, les pays africains auront, plus que jamais, besoin d'une nouvelle dynamique, portée par des objectifs clairs, une feuille de route structurée, des actions précises, une chronologie définie et une narration partagée par tous, consolidant l'union nationale et activant l'appartenance continentale. Oui il est temps que l'Afrique, écrive, elle même, sa propre histoire.
Nos communications sont souvent liées à l'actualité. Elles ne construisent pas des opinions mais réagissent à des alertes. Elles ne cultivent pas la curiosité mais invitent au voyeurisme. Le succès des réseaux sociaux confirme ces tendances et l'incapacité à les juguler est un aveu d'échec.
Aussi, outre la gouvernance des plans de relances par pays, les stratégies de communication adoptées, constitueront, pour beaucoup, un facteur de succès déterminant.
Prenons l'exemple du secteur économique. Sa dynamisation pour une sortie de crise rapide, est prioritaire pour tous les pays. Des choix décisifs seront probablement retenus et ambitionneront des reprises rapides. Pour cela, il sera question d'emplois, de compétitivité, d'investissement, de capital humain, de management, d'industrie, de digital, de régions, d'emplois, d'exportations, de logistique, de transport, de financement, d'inflation, de formation, et de bien d'autres concepts ou thématiques liés à l'acte d'entreprendre.
Si nous ne soutenons pas la dynamique qui sera engagée, par des stratégies de communication structurées, didactiques, professionnelles et engagées, intégrant toutes les composantes des plans retenus, nous risquons d'observer un effritement des énergies et un retour à l'attentisme, voire à pire, compte tenu de l'enlisement déjà très perceptible et surtout de la fragilisation de nos économies, du fait de la pandémie.
Pour piloter la reprise post-Covid-19 et redémarrer les économies de nos pays, tant sur le plan économique que social, éducatif et culturel, nous n'avons d'autre choix que de disposer de locomotives médiatiques télévisuelles, radiophoniques et digitales, inspirées des meilleurs modèles internationaux, et orientées vers des missions d'information, de partage, et de promotion des idées et des concepts les plus innovants. Objectif : renforcer la confiance entre les gouvernants et les populations, parler d'une même voix.
Les médias, outils prioritaires de développement, et promoteurs éditoriaux incontournables de l'Afrique de demain.
Nous allons assister à un ralentissement économique, qui va entraîner une panne de confiance. Cette fragilité sera exacerbée par un environnement international imprévisible avec des ruptures dans les modèles classiques, ce qui imposera la réinvention les logiques économiques pour transformer les incertitudes en avantages concurrentiels et faire en sorte que la mondialisation profite à tout un chacun. Toute panne de confiance peut conduire à des tensions sociales graves.
Pourtant notre continent a réalisé des avancées significatives, tant sur le plan économique que sur le plan social, et dispose d'atouts indéniables, qui témoignent de la capacité de Pays africains à repenser et concrétiser leur développement de manière inclusive.
L'information économique, politique, sociale, culturelle, sportive, et le partage de cette information au plus grand nombre sera définitivement un levier clé pour la réalisation de nos ambitions. Elle constitue en effet un formidable outil d'éducation et de sensibilisation à même d'insuffler un état d'esprit positif, constructif, fédérateur, et de faire ainsi contrepoids aux partisans de la déprime et de la dépendance.
Comment agir pour que l'entrepreneur prenne des risques, emprunte, embauche, crée de la valeur ? Comment le décomplexer par rapport à la notion de gain tout en renforçant sa responsabilité sociale et environnementale ? Comment sensibiliser les pouvoirs publics quant à la nécessité d'une mue favorable à l'amélioration de l'efficacité économique ? Comment accélérer la dynamique de l'export ? Comment relever le pari de l'emploi en misant sur la dynamique des PME, des nouvelles entreprises innovantes, des start-up ? Comment augmenter les opportunités économiques pour les jeunes et promouvoir leur employabilité ? Comment accorder toute sa place aux consommateurs, en privilégiant le débat d'idées plutôt que la confrontation ? Comment transformer l'acte de paiement de l'impôt en un acte citoyen ? Comment faire de l'entrepreneur un acteur citoyen respecté ? Comment renforcer le sentiment de fierté nationale ?
Une offre à 360° (TV - Radio - internet - Mobile) avec des chaines TV comme locomotives, accessible à tous les publics, aux opérateurs économiques, aux jeunes, à la société civile, aux diasporas, constituerait un signe concret sur la volonté de changement, et mobiliserait l'ensemble des parties prenantes autour du projet commun de développement de nos pays et des feuilles de routes permettant de le concrétiser. Place aux espaces de partage sur les sujets liés à notre développement : définitions, débats d'idées, promotion de concepts, valorisation de success-stories, perspectives de développement, solutions à co- construire pour relever les défis, …
Même affaiblis financièrement, les acteurs médiatiques africains font tout pour être au rendez-vous de la sortie du confinement. Informations sanitaires, éclairages sur les gestes barrières, communiqués des Ministères agissant en première ligne pour la gestion de la pandémie, autant de sujets qui seront relayés. Cette dynamique ils l'engageront aussi lors de la reprise économique et des éclairages nécessaires pour susciter de l'optimisme et de l'ambition chez les chefs d'entreprises et les salariés. Espérons que les pays africains et leurs partenaires qui leur veulent du bien, seront eux aussi au rendez-vous lorsqu'il s'agira, de construire une vision pour le secteur de la communication et des médias, et de le considérer comme il se doit: un secteur stratégique, jouant un rôle économique, un garde-fou démocratique et une mission socio-culturelle de premier plan.
Producteur TV / Cinéma
Ancien DG de Medi1TV
Membre de l'African Media Panel against Covid-19