Plus de deux mois après l'entrée non voulue du COVID 2019 et ses ravages qui ont, pour le moment causé 25 personnes à avoir perdu la vie et plus de 2000 personnes malades, l'heure n'est pas à tergiverser mais à bouter le virus hors de notre pays. Le gouvernement du Sénégal a essayé, autant que possible d'endiguer l'épidémie, en essayant d'avoir à chaque fois, une riposte graduée à la mesure de l'ampleur du désastre mais aussi en prévision de ce qu'il pouvait avenir. Par ailleurs, après avoir constaté que le pays ne pouvait rester indéfiniment confinée et les tâches quotidiennes entravées – ce qui n'a d'ailleurs pas eu une incidence majeure sur l'avancée de la maladie – il s'est résigné à desserrer l'étau en autorisant l'ouverture encadrée des marchés, des écoles et des lieux de cultes.
On peut être pour ou contre, gloser à longueur de journée sur le sujet, cela ne changera pas grand-chose. Le Gouvernement ne reviendra pas sur cette décision, du moins pour le moment. Peut-être dans quelques semaines, suite à l'évolution de la pandémie, il réajustera les mesures. En attendant, pour chaque citoyen que nous sommes, deux possibilités se présentent : continuer à exprimer sa position d'encouragement et de soutien ou continuer de se plaindre et de dénoncer ces décisions, en sachant pertinemment que les complaintes auront l'effet d'un coup d'épée dans l'eau.
Selon nous, il s'agit à la lumière de l'évolution de la situation de l'épidémie à Coronavirus et des décisions prises par le gouvernement, de prendre position et d'appeler à la responsabilité individuelle et à la responsabilité collective afin de sauver le navire Sénégal.
En effet, personne ne dira qu'il ignore les recommandations médicales, et surtout les gestes barrières. Du plus petit au plus grand, du citadin au rural, tout le monde sait qu'il faut se laver les mains régulièrement, se moucher dans un mouchoir à usage unique et le jeter dans une poubelle, éternuer et tousser dans le creux du coude et respecter la distance physique, entre autres gestes à adopter. C'est même devenu un slogan que tout le monde répète à l'envi. D'ailleurs, les populations n'ont pas attendu qu'on les y appelle pour l'appliquer. Les croyants que nous sommes savons tous que ce qui est édicté fait partie intégrante des recommandations de nos religions mais aussi des pratiques auxquelles nous nous astreignons dans notre quotidien. Il s'agit certainement de les renforcer et de nous les approprier encore plus d'autant qu'une nouvelle raison est apparue.
Parfois, chez certaines personnes, il peut y avoir un long chemin entre le fait de savoir et celui d'appliquer. A ce niveau, il faut les informer mais surtout les sensibiliser davantage de façon qu'ils se rendent compte qu'il s'agit de se protéger et de protéger les proches, les amis, les populations, le pays. Et pour cela, aucun geste n'est de trop. C'est parce que chacun se sent concerné et prend les mesures idoines que nous pourrons nous protéger et protéger les autres. Il y va de la responsabilité de chacun comme il y va de la responsabilité de chacun d'entre nous de parler à notre voisin pour l'emmener à comprendre le sens et la portée de cet acte qui est devenu un acte citoyen.
Il y a eu, dès le départ un élan qui a réuni toutes les forces vives de la Nation autour de cette « guerre » mondiale. Ce n'est pas le moment de fléchir ou de lâcher du lest. C'est plus que jamais le moment de se serrer la ceinture, de travailler ensemble à éradiquer le virus dans un élan de solidarité en oubliant les chapelles partisanes et les calculs politiques de quelque part que cela vienne. Il ne faut surtout pas qu'on oublie que ce combat n'est pas le combat du gouvernement mais celui du peuple et c'est le peuple qui doit l'engager et le gagner. Pour cela il faut que chacun se dise qu'il doit être son propre agent de santé, son agent de police qui surveille l'exécution correcte des bons gestes et l'agent social et communautaire qui se préoccupe de la situation des plus démunis et leur apporte dans la mesure du possible son aide et son assistance. Il se doit aussi de refuser de diffuser de fausses informations, donnant un coup à tous les efforts de communication entrepris pour informer et sensibiliser les populations.
Par ailleurs, les personnes qui ont contracté le virus n'ont pas choisi d'être malades. Ils peuvent l'avoir chopé par accident ou suite à un manque d'attention. Ils peuvent bien guérir et la plupart même s'en sont sorti sans grand dommage, même si le nombre de personnes décédées est déplorable. Il ne faut pas les stigmatiser et s'éloigner d'eux. Après le traumatisme qu'ils ont subi, les malades comme leurs familles ont plutôt besoin d'être épaulés, accompagnés et appuyés mais pas d'être rejetés ou d'être pointés du doigt comme s'ils étaient des pestiférés. En outre, il ne faut jamais oublier que nul n'est immunisé ou à l'abri de ce virus qui n'épargne personne.
L'OMS déclare que ce virus pourrait ne pas partir de si tôt. Il pourrait même rester avec nous pendant très longtemps. Il faut alors apprendre à vivre avec lui, non dans un ménage heureux mais en le tenant éloigné de nous et des personnes que nous aimons. Ce n'est pas une chose aisée, mais si chacun s'y met, nous pourrions, à défaut de le bouter hors de notre pays, le tenir à distance et ainsi poursuivre nos activités normales en espérant que le Bon Dieu nous en débarrassera suffisamment vite.
Professeur assimilé/ Ethnolinguistique-sociolinguistique Editeur
Faculté des Sciences et Technologies de l'Education et de la Formation
Université Cheikh Anta Diop de Dakar