Combien étaient-ils mardi soir, frétillant d'impatience, scotchés à leur poste de télévision, leur plateforme numérique, ou leur récepteur radio, pour voir, écouter Paul Biya ? Plusieurs dizaines de milliers, voire des millions sans aucun doute, au Cameroun et ailleurs.
Eternel paradoxe d'un homme d'Etat moins enclin à communiquer qu'à gérer, décider et agir, mais dont la moindre parole et même le moindre silence déclenchent une curiosité, une attention et un intérêt soutenus, presque compulsifs. Phénomène médiatique, mais aussi politique, Paul Biya l'est assurément. Il l'est d'autant plus qu'il se plaît à cultiver lui-même sa différence, sur ce sujet de la prise de parole comme sur d'autres. Pourquoi en effet marcher sur les sentiers battus et s'aligner sur la « modélisation » des chefs d'Etat, qui doivent sans raison valable reproduire comme des automates, les mêmes réactions devant les mêmes événements, alors qu'ils dirigent des pays différents et des peuples aux destins singuliers ? Le choix de ce 19 mai peut donc être lu comme l'art de savoir jouer de sa propre musique face aux adeptes du conformisme et du mimétisme intégral.
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