Elie Ngandziami, aujourd'hui disparu, instituteur dans les années 50 et 60 dans le Kouilou fut un passeur d'histoire dans le sens exact de cette expression. Collaborateur à la revue « Liaison », organe des intellectuels de cette époque, il rapporta des récits de notre passé d'asservis qu'on ne pourra lire dans aucun livre scolaire selon sa propre expression.
En effet, peu d'entre nous se sont posés la question de savoir par quelle voie, les bateaux à vapeur débarqués sur la côte atlantique au début de la colonisation se retrouvaient sur nos cours d'eau intérieurs qui n'étaient pas reliés à l'océan. L'article d'Elie Ngandziami « de Loango à Tandala par la piste des caravanes » qui fit sensation à son apparition nous révèle le martyre de ceux qui portèrent des lourdes charges de la côte au fleuve Congo. Ses contemporains nés pour la plupart au-début du 20ème siècle savaient pourtant à quoi s'en tenir lorsqu'il s'agissait du martyre des porteurs sur toutes les pistes du territoire de la colonie. Le mérite revint à Ngandziami de fixer définitivement ce martyre pour les générations futures. Le cas des Loangos de la côte Atlantique est symptomatique de la double peine des riverains de l'Atlantique. Au temps de la Grande tribulation vers les Amériques, ils furent transplantés en masse. Quand l'asservissement devint local, ils servirent de bête de somme comme porteurs vers des contrées lointaines à l'intérieur des terres, d'où plusieurs ne revirent plus la contrée natale. Les Loangos, c'est-à-dire les Vilis et le Yombés du Kouilou ont laissé des traces sur le territoire actuel du Congo comme au Centrafrique. A Tsambitso, près de la ville d'Oyo, où les entraîna Mgr Prosper Augouard à la fin du 19ème siècle, le port des Loangos, « ibongo la Loangos » est un vestige témoin de leur passage.
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