D'un Parlement composé de députés «béni-oui-oui» à la faveur d'un parti unique tyrannique et oppressif et en présence d'une pseudo-opposition « de façade » avant la révolution à un Parlement composite, hétérogène et pluraliste que la Tunisie n'a jamais connu avec en prime le foisonnement d'une multitude de partis politiques représentés au sein de l'Assemblée des représentants du peuple, sans compter les indépendants après la révolution de la liberté et de la dignité de 2011... le résultat inéluctable et prévisible de ce revirement brusque nous conduit à une transition démocratique certes salutaire, mais difficile, voire pénible et laborieuse malgré les avancées en termes de démocratie, de liberté d'expression et d'Etat de droit : la Tunisie est certes une démocratie naissante balbutiante, mais elle est malgré tout sur la bonne voie...
Le passage d'une dictature endurcie et invétérée comme vécue par la Tunisie à l'époque de Ben Ali à une démocratie authentique et confirmée a un prix cher, prend du temps et provoque inévitablement des dégâts qu'il est indispensable de limiter les atteintes et de juguler les conséquences de manière à éviter un tant soit peu l'anarchie et le chaos. Et c'est malheureusement ce qui semble se produire actuellement au sein de l'Assemblée des représentants du peuple, qui, disposant et profitant à souhait d'une marge de liberté d'expression démesurée par rapport à l'exécutif, appelé, à l'inverse, à se conformer au devoir de réserve, les parlementaires, à la faveur d'un régime parlementaire institué dans la Constitution de 2014, disent tout haut ce que tout le monde pense tout bas...
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