Marrakech — « Nous ne savons pas encore combien de temps la crise du COVID19 va durer, mais il est nécessaire de placer, dès aujourd'hui, les jalons de la reprise », a indiqué mardi 2 juin Vera Songwe, Secrétaire général adjoint de l'ONU et Secrétaire Exécutive de la CEA à l'occasion d'un webinaire organisé sous le thème « Repenser l'économie et son enseignement en Afrique post-COVID19 », conjointement organisé par l'Ecole Nationale de Commerce et de Gestion ENCG - Marrakech et le Centre Africain des Solutions Innovantes Durables ACISS de l'Université Cadi Ayyad (Maroc).
Touchée par la crise économique causée par le COVID19, avant même l'impact sanitaire de la pandémie, l'Afrique risque aujourd'hui de connaître un ralentissement de sa croissance de 1,8 à 2,6% du PIB qui pousserait jusqu'à 29 millions de personnes dans l'extrême pauvreté. Mises en place dans 42 pays africains en vue de protéger les populations, les mesures de confinement ont déjà coûté quelques 69 milliards de dollars par mois et devraient impacter négativement la mise en œuvre des ODD en Afrique.
Dans ses remarques, Mme Songwe a évoqué plusieurs pistes de réflexion pour le développement de modèles de sortie de crise post COVID19. Parmi ces derniers le renforcement de la gouvernance économique, en vue de s'assurer que les fonds bénéficient à ceux qui en ont le plus besoin, le développement de l'économie numérique, la gestion du changement climatique, un système financier repensé pour meilleur usage des ressources financières domestiques telles que les fonds de pension africains et la relance de la consommation à travers le continent grâce à la Zone de Libre Echange Continentale Africaine.
Le webinaire a également été l'occasion pour les participants d'entamer une discussion sur les modalités de reconstruction des économies africaines et de revoir l'étude des économies de manière à l'adapter aux pays africains.
Certains participants ont par ailleurs argumenté en faveur de l'intégration monétaire du continent, considérant cette dernière une mesure phare pour aller de l'avant.
Différents défis devront ainsi être relevés dont la question de l'informel, dont les travailleurs ont été particulièrement impactés par la crise ; l'accès à l'Internet et son impact, dans un continent où seule une minorité des 330 millions d'enfants privés d'école par la crise à travers le continent ont été en mesure de poursuivre leurs études en ligne à l'heure où seuls 20% des Africains disposent d'une connexion Internet stable ; la redistribution des chaines de valeur et le développement des industries pharmaceutiques africaines, un point sur lequel des participants ont souligné la nécessité pour la diaspora africaine de jouer un rôle déterminant dans le transfert de technologies vers le continent africain et le renforcement de la capacité des pays à les maitriser.
Les discussions des participants ont également porté sur les opportunités de digitalisation des économies et de repenser l'architecture des universités africaines pour un meilleur accès des étudiants à une éducation de meilleure qualité depuis chez eux.
« La digitalisation nous offre des outils qui nous permet de dispenser nos enseignements, renforcer nos recherches mais aussi renforcer les liens Sud-Sud, décloisonner les frontières intra-africaines », a ainsi indiqué le Professeur Moulay Lhassan Hbid, Président de l'université Cadi Ayyad, qui a souligné le rôle crucial du numérique dans l'avenir de l'économie africaine.
Le webinaire « Repenser l'économie et son enseignement en Afrique post-COVID19 » s'est tenu avec la participation d'économistes d'Algérie, du Cameroun, du Congo, de Côte d'Ivoire, du Maroc, du Sénégal et de l'Union Africaine.