Grâce à une stratégie sous-régionale unique de diversification industrielle et économique, l'Afrique centrale cherche à doubler, dans les années à venir, la contribution industrielle au PIB de son taux actuel de 12%
Yaoundé, 17 juin 2020 (CEA) - Un plan directeur d'industrialisation et de diversification économique d'Afrique centrale (PDIDE/Afrique Centrale) harmonisé et consolidé, couvrant l'ensemble des 11 pays de la sous-région de l'Afrique centrale, sera déterminant pour appréhender les moments de régression économiques récurrents, pour mieux reconstruire un monde post-COVID-19 et parvenir à un développement durable, estiment les leaders du Secrétariat Général de la CEEAC et de la Commission de la CEMAC.
Lors d'une réunion virtuelle convoquée par le Bureau sous-régional pour l'Afrique centrale de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), à laquelle ont participé une centaine de personnes, mercredi 17 juin 2020, Mme Marie Thérèse Chantal Mfoula - Secrétaire Générale Adjointe de la CEEAC et le Pr Daniel Ona Ondo - Président de la Commission de la CEMAC ont accepté la proposition de la CEA de créer un groupe de travail interinstitutionnel pour consolider les principaux axes d'un plan directeur d'industrialisation et de diversification économique combiné, sur la base d'un travail considérable déjà effectué séparément par les deux institutions.
Aux côtés du Secrétariat Technique du Comité directeur pour la rationalisation des communautés économiques régionales en Afrique centrale (COPIL / CER), le Bureau de la CEA pour l'Afrique centrale fournit des services d'appui à cet effort.
Les analyses du Secrétariat Général de la CEEAC montrent que les rendements de l'industrialisation en Afrique centrale, en bloc, contribuent à peine à 12% du PIB de la sous-région. Les participants de la réunion virtuelle ont été informés que ce chiffre doit être doublé (à environ 24%) dans les années à venir si les États membres veulent vraiment mettre fin aux cycles d'ascension et chute économiques auxquels ils sont souvent victimes en raison de leur dépendance excessive à l'exportation de matières premières. Ceci devrait être fait, en poursuivant activement la transformation structurelle conformément au Consensus de Douala conclu lors de la 35ième conférence intergouvernementale sous-régionale de la CEA pour l'Afrique centrale qui s'est tenue en 2017.
Selon M. Antonio Pedro, qui dirige le Bureau de l'Afrique centrale de la CEA, « Ce projet d'élaboration d'une stratégie unique d'industrialisation et de diversification économique pour l'Afrique centrale apparait donc comme du pain béni pour ensemble travailler autour des chaines de valeurs communes qui pourvoiront à notre espace communautaire la possibilité de produire, transformer, distribuer, consommer des biens manufacturés dans lequel les pays de la sous-région se reconnaitraient. »
M. Pedro a réitéré la nécessité de façonner l'axe principal du plan directeur d'une manière qui permettrait à la sous-région de reconstruire en mieux après les ravages du COVID-19, conformément à la campagne post-pandémique du Secrétaire Général de l'ONU - M. Antonio Guterres, en transformant totalement ses chaînes d'approvisionnement pharmaceutique et alimentaire en poursuivant la voie du Made in Central Africa.
Outre l'agro-industrie, les avenues les plus réalistes sur lesquels il faudrait mettre l'accent incluent: construire la chaîne de valeur énergétique (dont l'Afrique centrale possède le plus grand potentiel sur le continent) et exploiter les ressources en eau, a ajouté M. Adama Coulibaly, chef de la Section des Initiatives sous-régionales pour la CEA en Afrique centrale. Il a également évoqué la nécessité d'intégrer les considérations géospatiales ainsi que d'intensifier le lien entre l'urbanisation et l'industrialisation dans un tel schéma directeur.
Dans le même ordre d'idées, M. Duval Antoine Dembi, directeur du développement industriel, des mines et du tourisme de la Commission de la CEMAC, a ajouté d'autres priorités clés nécessitant une attention immédiate, notamment le développement des mines et des métaux ainsi que l'économie forestière et verte.
M. Jules Rommel Touka du Secrétariat Général de la CEEAC a averti sur l'état faible de la productivité et de la capacité de s'adapter aux changements, des lacunes dans la création d'externalités positives sur l'économie grâce à la valeur ajoutée et au renforcement des capacités, ainsi que des faibles capacités en gouvernance pour un accompagnement efficace du secteur productif. Pour lui, ces points étaient quelques-uns des principaux défis à relever pour que ce plan directeur fonctionne pour l'Afrique centrale.
« Cette rencontre est également pour nous, l'occasion de nous assurer que les pays de l'Afrique Centrale, la Commission de la CEMAC et le Secrétariat Général de la CEEAC, travaillent ensemble dans une dynamique d'équipe et dans une vision commune, pour l'aboutissement à un document unique, qui réponde aux aspirations des peuples de la sous-région », a déclaré Mme Mfoula du Secrétariat Général de la CEEAC.
«La diversification et l'industrialisation de nos économies est désormais la condition sine qua non pour reconstruire nos nations compte tenu, en particulier, des enseignements tirés de la pandémie du COVID-19. Nous avons donc besoin d'un outil porteur à présenter à nos chefs d'État», a déclaré le professeur Ona Ondo de la Commission de la CEMAC.
"Le temps n'est plus aux paroles mais à l'action", a-t-il déclaré.
Selon M. Patrice Libong Badjan, Coordonnateur du Secrétariat Technique du Comité de Pilotage pour la Rationalisation des Communautés Economiques Régionales en Afrique centrale (COPIL / CER-AC), le PDIDE unique proposé pour la sous-région enrichira la gamme des réalisations concrètes déjà enregistrées dans le cadre du regroupement de la CEMAC et la CEEAC en une seule communauté économique régionale.
Un délai d'un mois a été fixé pour identifier les principaux axes d'un plan directeur d'industrialisation et de diversification économique combiné CEMAC-CEEAC à déposer auprès des gouvernements de la sous-région.
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