Addis-Abeba, Éthiopie — La relance post-coronavirus en Afrique devra s'attaquer aux causes fondamentales des vulnérabilités et aller au-delà des ajustements fiscaux et monétaires dont le seul objectif est d'assurer la survie et la perpétuation du système actuel de production, de consommation et de distribution responsable de la crise climatique, selon un nouveau document de réflexion publié par la Commission économique pour l'Afrique (CEA).
Dans ledit document produit dans le contexte de la crise sanitaire mondiale sans précédent intitulé, « Changement climatique et développement en Afrique post COVID-19 : Quelques réflexions critiques », le Centre africain pour la politique en matière de climat, de la CEA (ACPC) soutient qu'une nouvelle économie politique basée sur la cohésion, l'égalité et la durabilité environnementale est nécessaire pour permettre des actions climatiques drastiques.
Le document aborde l'urgence climatique et les leçons tirées du COVID-19, du réchauffement climatique, du financement des crises jumelles, de la transition énergétique requise, des perceptions du changement climatique et si ces leçons tirées du COVID-19 peuvent profiter à l'action climatique.
« La durabilité dans un monde post-COVID-19 devra être basée sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la protection de l'environnement », dit le document, ajoutant que les plans de relance ne doivent pas réinvestir dans des industries sales et polluantes, mais promouvoir des emplois significatifs, assurer des transitions justes et être basés sur une science disponible.
« Les fonds nécessaires pour souscrire aux actions climatiques existent réellement, et la même approche utilisée pour mobiliser les fonds relatifs au COVID-19 devra garantir des investissements encore plus importants dans une économie neutre en carbone ».
Le document souligne que la raison fondamentale de la prise de conscience des menaces du COVID-19 et de la prise de conscience limitée des menaces du changement climatique est que le COVID-19 est clairement comprise, au-delà des effets sur la santé, en tant que menace immédiate et présente pour le développement mondial, tandis que le changement climatique continue d'être considérée comme une menace à long terme et incertaine pour certaines communautés éloignées du monde.
« Ce qu'il faut faire, et de toute urgence, c'est un changement fondamental dans les perceptions et les attitudes afin d'engendrer une compréhension centrée sur le développement du changement climatique », déclarent les experts du Centre africain pour la politique en matière de climat ; « Les suggestions selon lesquelles nous ne pouvons pas nous permettre de faire face au changement climatique, à la perte de la biodiversité et aux crises économiques en même temps représentent un faux choix, les deux crises doivent être traitées en même temps ».
« Nous ne devons pas chercher simplement à rétablir le statu quo d'avant la pandémie. Ce qu'il faut, c'est un changement de paradigme. Les transitions vertes ne concernent pas seulement les transitions énergétiques, elles consistent à tout transformer, des systèmes alimentaires à la gestion de la consommation et des déchets », proposent les experts de l'ACPC dans le document.
Ils préconisent une injection conséquente de ressources dans les services météorologiques et hydrologiques nationaux à travers l'Afrique, conformément à l'ampleur de la menace climatique qui pèse sur tous les secteurs des économies africaines.
« Nous avons appris de la pandémie de COVID-19 qu'une riposte rapide est essentielle. Cela fait la différence entre maîtriser une crise et lui permettre de déborder et d'avoir des organisations publiques complètement accablées et ne pouvant pas fonctionner efficacement », expliquent les experts.
Selon les experts, les changements climatiques exacerbent les vulnérabilités et les inégalités existantes, et les facteurs historiques, politiques et économiques déterminent la vulnérabilité de la société aux aléas et aux risques du changement climatique.
Ils notent que l'Accord de Paris est axé sur le principe de « l'intérêt personnel éclairé » et que chaque nation agira dans son intérêt personnel éclairé afin d'atténuer ses propres émissions et renforcera ses mesures d'atténuation comme d'autres nations atténuent également les leurs.
« L'insuffisance de ce principe est flagrante », disent les experts de l'ACPC dans le document, ajoutant que la riposte mondiale face au COVID-19 a démontré l'utilité du multilatéralisme et l'intérêt commun de l'humanité.
« Ce qu'on retient du COVID-19 est donc que la science peut en fait être traduite en décisions politiques urgentes si la volonté politique y est. La riposte face au COVID-19 est basée sur une intervention gouvernementale sans précédent et une acceptation sociale presque universelle des mesures radicales adoptées par tous, sauf quelques gouvernements. Les pays qui ont réagi rapidement ont géré le virus avec plus d'efficacité ».
La même approche est nécessaire pour les politiques en matière de climat, fait remarquer le document.
« Le COVID-19 donne lieu à une prise de conscience incontestée de la centralité de l'État dans la gestion de la crise. Il démontre le besoin urgent de renforcer les capacités de l'État », lit-on dans le document.
Le document aborde également les Contributions déterminées au niveau national (CDN) révisées et la nécessité d'un examen immédiat si elles ne mettent pas le monde sur la bonne voie afin de limiter le réchauffement climatique à moins de deux degrés Celsius.
Il exhorte la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à passer d'une négociation perpétuelle à un processus délibératif et démocratique où les représentants de toutes les parties prenantes de la société conviennent des meilleures transitions pour un avenir durable, notamment en imposant des restrictions aux activités préjudiciables et d'allouer sérieusement les responsabilités, les coûts et les réparations.
Pour accéder à l'article, veuillez cliquer sur ce lien : https://www.uneca.org/publications/discussion-paper-climate-change-and-development-africa-post-covid-19-some-critical
Riposte de la CEA au COVID-19
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