Les positionnements et décisions de la CEDEAO dans la médiation de la crise post-électorale en Guinée-Bissau ont été marqués par plusieurs incohérences. Après le coup de force du 27 Février 2020, par laquelle le candidat Umaro Sissoko Embaló s ́est autoproclamé Président de la République, on a vu la CEDEAO se plier à la volonté des putschistes. Voici quelques exemples :
- Lorsque la CEDEAO a voulu envoyer une mission technique à Bissau en Mars 2020 pour évaluer la crise post-électorale, le gouvernement imposé par Embaló a réagi férocement. Dans un Communiqué, il a indiqué que la mission n ́était pas la bienvenue. La Commission de la CEDEAO a cédé à la menace et annulé la mission, qui n ́a jamais eu lieu. Il est donc faux que cette mission ait été annulé à cause de l ́épidémie du COVID ;
- La lettre d ́annonce de cette mission aux autorités de la Guinée-Bissau, signé par le Représentant de la Commission de la CEDEAO à Bissau, a été adressé au Premier Ministre du gouvernement légitime Aristides Gomes. Face à la réaction virulente du gouvernement illégal, qui contestait le fait que cette lettre ne lui a pas été dirigé, la Commission de la CEDEAO a fait marche arrière, et son Représentant en Guinée-Bissau a dû quitter le pays. La CEDEAO a fini par reconnaître Embaló et son gouvernement ;
- Dans son évaluation du contentieux post-électoral, la Commission de la CEDEAO a systématiquement placé la Cour Suprême au même niveau hiérarchique que la Commission Nationale Électorale (CNE), ayant même déclaré que les interprétations divergentes de la législation électorale par les deux institutions étaient la cause du délai dans la proclamation des résultats définitifs des élections. Or en matière de contentieux électoral (et de l ́interprétation des lois en générale) la compétence appartient exclusivement à la Cour Suprême, la CNE devant tout simplement se conformer aux décisions de la Cour. Le contentieux post-électoral en Guinée-Bissau a pris le tournant connu parce que la vérification et les contrôles des résultats électoraux effectués par la CNE n'ont jamais été conformes aux décisions de la Cour Suprême ;
- Finalement, il faut souligner que les faits politiques et sécuritaires en Guinée-Bissau, notamment tels que décrits dans le rapport du SG au Conseil de Sécurité des Nations-Unies du 29 Juillet 2020, ne peuvent pas objectivement soutenir la décision politique de reconnaître un régime installé par la force des armes. Il s ́agit là-dessus d ́une très grave incohérence qui pourra avoir des conséquences dangereuses pour la stabilité politique de la Guinée-Bissau.
Le président