Le 18 septembre 2001, il y a 19 ans, les principaux réformistes d'Érythrée étaient arrêtés après avoir dénoncé la « dérive dictatoriale » du président Issayas Afewerki. Cette rafle a marqué le début d'une vague d'arrestations dans les jours suivants, notamment parmi les journalistes de la capitale. Aucun de ces prisonniers n'a été relâché à ce jour et on ignore jusqu'à leur lieu de détention ou leur état de santé. Mais pour que les prisonniers politiques ne soient pas oubliés, des Érythréens de la diaspora ont compilé un document exceptionnel publié le mois dernier, faisant la liste détaillée des disparus.
On pense immanquablement à un mémorial. Feuilleter la cinquantaine de pages publiées le mois dernier sur le site Setit, du nom du grand journal d'Asmara qui a cessé de paraître de force en septembre 2001, est comme longer le mur d'un monument virtuel : page après page se succèdent des photographies d'identité, images vieillies et banales, visages jamais revus depuis une vingtaine d'années ; de courtes biographies, un métier, un emploi, un parcours ; parfois juste un nom et une date approximative d'arrestation, faute d'avoir pu retrouver les familles ou les proches des innombrables détenus politiques de ce pays fermé de la Corne de l'Afrique.
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