Le 31 Octobre 2020 se tiendra l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, du moins si l'on en croit les assurances données par le Président sortant Alassane Ouattara, candidat à sa propre succession, en dépit des contestations véhémentes des partis d'opposition.
Aléa Jacta Est !
Le Conseil Constitutionnel ivoirien avait, au mois de septembre dernier, par la voie de son président Mamadou Koné, arrêté la liste définitive des candidats à l'élection présidentielle en retenant sur les 44 dossiers qui lui étaient transmis, que celle de M. Ouattara lui-même, ceux de Pascal Affi Nguessan ancien Premier Ministre de Gbagbo, de Kouadio Konan Bertin( KKB, un dissident du PDCI de Bédié) et bien sûr celui de Henri Konan Bédié ( in extrémis par ce qu'on a voulu arguer du fait qu'étant membre d'office du Conseil Constitutionnel sa candidature était entachée d'un vice, et qu'il faille absolument un acte de démission de sa part, pour lui permettre d'être qualifié, ce qui n'était pas le cas.
Du coup, cette décision du Conseil constitutionnel insusceptible de recours éliminait sans bavure Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, respectivement ancien Président et 1er Ministre, sérieux prétendants à la succession du président Ouattara.
Il faut noter cependant que la Commission Electorale Indépendante (CEI) avait déjà préparé cette décision en procédant à la radiation sur les listes électorales de Laurent Gbagbo et Soro à cause, dit-on,de condamnations pénales.
En revanche, Mamadou Coulibaly ancien président de l'Assemblée Nationale (chef du Parti LIDER) et les autres candidats ont été passés au tamis du parrainage, car n'ayant pas obtenu les 1% de signatures des inscrits dans les 17 régions du pays à l'exception de Kouadio Konan Bertin (KKB).
Ce dernier malgré les soupçons qui pèsent sur sa capacité à réunir le pourcentage de signature requis, n'en est pas moins à son premier coup d'essai. Faut-il le rappeler KKB a été déjà un adversaire du Président Ouattara à l'élection de 2015 où il avait obtenu 3,88% des suffrages.
Aujourd'hui que les jeux semblent faits, notamment du point de vue du processus électoral, la contestation n'est pas moins grande, et selon de nombreux observateurs, les nuages de périls s'amoncellent sur les bords de la lagune Ébrié.
La campagne électorale commence sur fond de vives tensions entre d'une part, ceux qui contestent la candidature de Ouattara pour un 3ème mandat en se fondant sur ses propres déclarations d'abord et sur la Constitution ensuite, et d'autre part, ceux qui exigent celles de Guillaume Soro et de Laurent Gbagbo.
Entre les deux, un courant se crée sur la base de certaines affinités dictées par la circonstance pour appeler à la « désobéissance civile » diversement appréciée d'ailleurs, pour faire barrage à la candidature de Ouattara pour un 3ème mandat, que ses partisans qualifient de 2ème au terme de la nouvelle Constitution ivoirienne.
Le temps joue en effet contre tous, sauf Alassane Ouattara.
Ses partisans n'ayant aucune alternative consensuelle en leur sein se radicalisent autour du candidat ADO et l'adoubent, faute de temps pour préparer un candidat « par défaut » après la brutale disparition du dauphin Amadou Gon Coulibaly. Du côté du FPI ou de ce qu'il en reste après la dissidence de Pascal Affi Nguessan, on se prépare hâtivement à constituer une coalition qui très certainement se fera autour de Bédié. Néanmoins on ne crache pas du tout sur l'éventualité d'un report de l'élection, afin de dégager un espace propice à des négociations pour un retour au pays du leader historique Gbagbo.
Hypothèse plausible, mais à l'heure actuelle ni la Cour Constitutionnelle, ni la commission électorale indépendante ne sont dans des dispositions qui les amèneraient à se dédire.
Seul reste le rapport de force que semble privilégier le jeune et bouillant Guillaume Soro qui compte jouer pleinement la carte de la nouvelle génération pour puiser dans le fichier de 7,5 millions d'électeurs. Pour cela il faut qu'il soit électeur et éligible, ce n'est pas encore le cas.
Le temps presse.