La communauté internationale au chevet de la Côte d’ivoire, n’est-ce pas un indicateur d’une situation lourde de danger ?
De mémoire d’observateur, on ne se souvient de ce type de mission conjointe ONU, Union Africaine et CEDEAO en dehors des pays en conflit interne ou externe.
C’est d’ailleurs l’occasion de saluer, une fois n’est pas coutume, la réactivité de la CEDEAO, à travers la mission conjointe conduite en Côte d’Ivoire par la Ministre des affaires étrangères du Ghana, qui assure la présidence en exercice de l’organisation sous régionale.
Mieux, il faut lire à travers le langage diplomatique les objectifs assignés à cette mission hautement stratégique, au moment ou la surenchère commence à prendre le pas sur le débat démocratique. Une simple analyse du contenu des éditoriaux des journaux ivoiriens révèle une escalade qui rappelle de vieux souvenirs. La CEDEAO a pris l’exacte mesure de la situation, à laquelle il faut rapidement mettre un coup d’arrêt avant que la campagne électorale ne démarre.
Cependant, cette mission conjointe CEDEAO, UA, ONU qui aujourd’hui inscrit dans son agenda trois objectifs à savoir : des élections apaisées, inclusives et transparentes, a du pain sur la planche pour parler trivialement.
Comment arriver à une élection présidentielle apaisée, alors que la candidature du président sortant, M. Alassane Ouattara est contestée dans sa légalité et sa légitimité, voire sa moralité, toutes choses qui amènent une frange de l’opposition à appeler à une campagne de désobéissance civile ?
On le sait.
Comment réussir des élections inclusives alors que des ténors de l’opposition, et pas des moindres, notamment, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, sont exclus du jeu électoral pour des considérations judiciaires qui ont du mal à passer aux yeux de l’opinion.
Comment organiser une élection transparente si l’organisateur de l’élection qu’est la CEI est suspectée de faire le jeu du pouvoir, et le Conseil Constitutionnel lui-même qui va proclamer les résultats est pris à partie par une importante frange de l’opposition dont les dossiers de candidature ont été rejetés.
Bref, la mission conjointe conduite par la Cedeao arrive en Côte d’Ivoire dans un contexte tendu, qui augure un probable report de l’élection présidentielle pour désamorcer la tension qui, si on n’y prend garde risque de déborder hors des frontières de la Côte d’Ivoire.
La preuve, dans la même période quasiment, la Guinée et la Côte d’ivoire vont en principe vers leurs présidentielles les 18 et 31 Octobre, le Burkina Faso au mois de novembre, le Ghana en décembre, tandis que le Mali qui sort laborieusement d’un mois d’instabilité politique et institutionnelle qui n’a pas encore révélé tout ses clefs.
Tout est réuni pour que la communauté internationale se penche sur le cas de la Côte d’Ivoire, qui occupe un rôle pivot dans l’espace économique et politique ouest africain. C’est maintenant ou jamais qu’il convient de prendre la situation en Côte d’ivoire avec le sérieux et l’attention qui sied.