Nombreux sont les observateurs qui craignaient pour la sécurité dans la ville d’Abidjan, suite à l’appel au rassemblement de l’opposition ivoirienne ce samedi 10 Octobre 2020 au Stade Houphouet Boigny.
Les craintes étaient en effet justifiées, à cause de l’appel à la désobéissance civile lancé il y a une dizaine de jours par l’opposition, et dont les contours n’étaient pas clairement définis, mais également du fait de l’escalade verbale qui s’en est suivi, entre, la mouvance au pouvoir qui faisait presque dans la menace, en invoquant les risques de débordement, et les leaders de l’opposition pour qui c’était sans concession, d’autant que le RHDP a tenu au même endroit son meeting avec son candidat.
Bref, ce décor était lourd de danger, même si au finish les ivoiriens ont su réaliser avec plus ou moins de succès leur test démocratique majeur de pré-campagne. Il fallait passer par là pour envisager le déroulement de la campagne et le dispositif qui sied avec moins d’angoisse.
Il est vrai qu’il y a eu des incidents ça et là, comme il est possible de le constater partout ailleurs dans ce genre de manifestations, mais tout compte fait, l’opposition a fait preuve d’une très grande responsabilité pour réussir une manifestation test de grande ampleur.
Il faut le dire, tout laissait croire à l’imminence de scènes de violences, à l’image de celles consécutives à l’annonce de la candidature du Président Ouattara à un 3ème mandat et qui avaient fait 15 morts.
L’appel à la désobéissance civile avait, une fois de plus, fait l’objet d’interprétations diverses et contradictoires. On avait craint le pire car on le sait, la désobéissance civile est souvent synonyme de pillages, de combats de rue. Le meeting de ce samedi n’a pas, à vrai dire, contribué à clarifier la position des adversaires du 3ème mandat du Président sortant Alassane Dramane Ouattara sur ce point. Tout au plus, les messages ont plutôt porté sur le « Non au 3ème Mandat » et fait majeur, l’appel à l’ONU notamment pour la mise en place d’un organe électoral indépendant et crédible. Vu le délai qui sépare du démarrage de la campagne électorale le 15 Octobre, il y a peu de chance que cet appel aboutisse.
En revanche, compte tenu de la position stratégique du stade Félix Houphouët Boigny, en plein quartier du plateau (quartier des Affaires et de l’administration), le pouvoir en place a su avec intelligence encadrer toute cette marée humaine y compris en bloquant certaines artères de la capitale. N’est-ce pas à ce prix qu’il fallait assurer la tranquillité publique sans imposer le silence comme le voulaient certains ?
Mieux, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) du Président Ouattara, qui projetait de faire une contre-manifestation en faveur d’un 3ème mandat y a fort judicieusement renoncé.
La démocratie en est sortie grandie de cette épreuve.
Seulement, la sortie des artistes comme le groupe MaGic System, pour appeler les Présidents Ouattara et Bédié au dialogue, afin de faire baisser la tension, à la suite de la lettre du Cardinal KUTWA, Archevêque d’Abidjan, et à la sortie de l’Imam Aguib Touré, montre que le péril est toujours là.
Les tensions continuent de s’exacerber au fur et à mesure qu’on s’approche de l’élection présidentielle, et que la candidature d’Alassane Ouattara contestée reste maintenue.
Le génie ivoirien trouvera certainement une solution de sortie de crise qui préservera ce pays d’une crise qui sera préjudiciable à la sécurité de la sous-région. Aucune initiative ne sera de trop.