Chers Décideurs, que faites-vous donc ?

Les pays de l’Afrique de l’Ouest perdent en moyenne 4,3% de leur PIB chaque année à cause des problématiques d’assainissement
26 Octobre 2020
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Niyel (Dakar)

Oui je sais, vous direz que c'est facile de toujours tout remettre sur le dos de nos chers décideurs… C'est vrai que ce sont de bons boucs émissaires à tous nos maux ! Mais sur ce sujet spécifiquement… Rien à faire, ils sont en première place sur le banc des coupables.

Tous les spécialistes s'accordent d'ailleurs là-dessus : l'assainissement a longtemps souffert d'un manque de volonté politique.

J'en veux pour preuve l'état d'insalubrité de nos rues en saison pluvieuse. Toute cette eau sale, de couleur douteuse, à l'odeur infâme et infestée de maladies, qui a envahi nos rues. Tous les ans, c'est le même spectacle, les mêmes plaintes, les mêmes engagements, les mêmes bla bla… Mais... Rien !

Pourquoi ? Que faut-il à nos chers décideurs pour AGIR ? Il y a pourtant matière à les alerter.

Par exemple, les pays de l'Afrique de l'Ouest perdent en moyenne 4,3% de leur PIB chaque année à cause des problématiques d'assainissement[1]. Cela représente en 2019, 360 milliards de FCFA pour le Bénin, 367 milliards pour le Burkina Faso ou encore 427 milliards pour le Mali, et cela ne traite que des pertes dues aux décès prématurés, dépenses de santé et pertes de productivité.

Assurément, le plus gros obstacle à l'assainissement est d'ordre institutionnel et nos chers décideurs doivent s'y consacrer et en faire une priorité.

Comment ? Ce n'est pas très compliqué. Je vous explique.

Tout d'abord, il faut rédiger, adopter et voter des lois et réglementations, ou les mettre en application lorsqu'elles existent déjà, pour organiser le secteur de l'assainissement en termes de construction et d'installation d'équipements, de traitement des boues de vidange, de leur transformation, etc.

Ensuite, force est de constater que nos décideurs ne peuvent y arriver seul tant il y a à faire. Ils devraient donc impliquer des acteurs clés de l'assainissement et issus de différents secteurs pour favoriser les synergies et unir les forces. Je pense notamment aux vidangeurs, aux experts techniques, aux acteurs du secteur privé, de l'éducation, de la santé, de l'agriculture ou encore de l'environnement.

Enfin, pour éviter l'exposition aux cacas, il convient d'assurer l'accès aux services d'assainissement de base dans les ménages et les institutions publiques, et gérer de façon sécurisée toute la filière d'assainissement (collecte, transport, traitement, et réutilisation). Pour cela, et très concrètement, il faut allouer un budget plus important pour contribuer au bon équipement des ménages et créer plus de stations de traitement pour gérer les cacas récoltés.

Pour finir, il faut souligner qu'il y a tout de même matière à espérer. Tout n'est pas perdu en effet car bon nombre de gouvernements africains ont pris conscience, ces dernières années, de la nécessité de développer l'assainissement pour améliorer la santé, le cadre de vie et la productivité. Gardons donc espoir !

Maintenant que vous savez, qu'allez-vous faire ?

Ne restez pas inactif ! Commencez par ouvrir les yeux. Déjà, alertez les décideurs et/ou organisations de la société civile sur la situation de votre quartier ou les difficultés que vous rencontrez liées à l'assainissement.


[1] ONU, 2015, https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/wp-content/uploads/sites/4/2016/10/Why_it_matters_Goal_6_French.pdf

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