Addis-Abeba — La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) changera la donne pour les investissements sur le continent qui, ces dernières années, a vu les Investissements directs étrangers continuer à s'affaiblir, déclare ce jeudi, Stephen Karingi, Directeur de la Division de l'intégration régionale et du commerce, de la Commission économique pour l'Afrique (CEA).
Telles sont les paroles prononcées par ce dernier lors de la présentation des rapports de discussion de la CEA sur les questions d'investissement au cours de la session régionale de la Réunion annuelle d'investissement (AIM2020) consacrée à l'Afrique où des idées ont été échangées pour agir sur la ZLECA.
« Les économies africaines continuent de ne pas être à la hauteur en termes d'attraction des Investissements directs étrangers. De plus, les IDE vers le continent continuent de s'affaiblir. Alors que les entrées d'IDE atteignaient 56,6 milliards de dollars américains en 2015, elles sont tombées à moins de 42 milliards de dollars américains en 2017. Ce chiffre représente moins de 3% des flux d'investissement mondiaux », dit-il.
Les flux d'investissement vers toutes les régions africaines ont diminué en 2017 à des degrés divers. Cela est largement attribué à la fin du super-cycle des produits de base. De nombreuses économies africaines restent tributaires des exportations de produits de base qui sont particulièrement sujettes aux chocs.
« Les IDE sont un catalyseur de la croissance économique, de la transformation structurelle et de l'intégration régionale sur le continent. Les économies africaines ont besoin de l'IED comme moyen de créer des actifs productifs, un vecteur de retombées positives et une source supplémentaire et relativement stable de financement du développement », a déclaré le Directeur de la CEA.
M. Karingi affirme que les pays africains peuvent surmonter un certain nombre de défis politiques et réglementaires grâce à la ZLECA pour attirer plus d'investissements en reliant les chapitres individuels de l'Accord et en assurant la cohérence dans les divers domaines politiques qu'ils couvrent ; harmoniser les approches hétérogènes de la réglementation des investissements en Afrique ; clarifier la relation et la préséance du Protocole d'investissement de la ZLECA et des AII ; mettre en commun les ressources pour renforcer les institutions nationales et régionales et le climat des affaires.
Sa présentation résume les principaux éléments et les principales conclusions de deux publications de la CEA sur l'investissement et l'intégration régionale en Afrique parues plus tôt cette année. Ce sont les « moteurs pour stimuler les flux d'investissement intra-africains vers la transformation de l'Afrique » et « les liens entre les traités de double imposition et les traités bilatéraux d'investissement ».
M. Karingi déclare que l'intégration régionale africaine s'est accélérée avec les efforts actuels pour établir la ZLECA.
« Les investissements intra-africains en particulier peuvent être propices à la transformation structurelle et à l'intégration régionale dans la mesure qu'ils peuvent soutenir le commerce africain et son contenu industriel, permettre des économies d'échelle et faciliter l'entrée dans les chaînes de valeur régionales et mondiales », déclare-t-il.
M. Karingi ajoute que les connaissances générées par la CEA permettent aux États membres de s'informer et de se positionner pour examiner, négocier, renégocier ou résilier les accords d'investissement en tenant soigneusement compte des implications juridiques, politiques, économiques et sociales de ces accords afin de garantir qu'un équilibre soit trouvé entre la protection des investissements et la préservation de l'espace politique pour les objectifs de développement ; et envisager des opportunités d'expansion des investissements intra-africains dans le contexte de la ZLECA.
La session de discussion régionale pour l'Afrique s'est engagée avec le Ministre guinéen des investissements et des partenariats public-privé, Gabriel Curtis et le Directeur général du Centre de promotion des investissements du Ghana, Yofi Grant, sur des questions cruciales pour façonner les stratégies d'investissement à travers la ZLECA.
M. Curtis voit la numérisation comme une opportunité majeure de la ZLECA avec l'avancement d'un protocole de commerce électronique visant à soutenir le commerce numérique et mobile.
« Les barrières électroniques sont encore plus lourdes que les barrières au commerce physique car elles sont axées sur la technologie et peuvent être traitées par le biais du protocole de commerce électronique de la ZLECA », dit-il.
M. Grant déclare que la réforme des pratiques et des réglementations commerciales sont des actions clés nécessaires pour aider le secteur privé à tirer parti des avantages de la ZLECA.
La session de réflexion régionale pour l'Afrique, qui a été accueillie par la CEA, s'est tenue sous le thème, « Accords régionaux d'investissement et moteurs de l'investissement en Afrique : Façonner les stratégies d'investissement mondiales à travers la Zone de libre-échange continentale africaine ».