L’entrée dans la crise a été certainement une très mauvaise surprise, pour qu’on puisse espérer une sortie sans surprise. Sans aucun jeu de mot, il faut dire que les prémisses étaient là.
La notion de réciprocité qui est une pratique dans les usages courant des relations entre Etats n’a pas fonctionné, lorsqu’Alpha Condé a décidé d’autorité de fermer ses frontières avec le Sénégal et la Guinée Bissau pour empêcher ses concitoyens de voter pour l’élection présidentielle du 18 Octobre dernier.
Pourtant, les textes de la CEDEAO consacrent la libre circulation des personnes et des biens comme prince centrale de l’intégration ouest africaine.
Aujourd’hui que la situation a atteint son point culminant de violence politico ethnique, la question des frontières se pose de plus en plus avec acuité.
Pour combien de temps encore, la Guinée fermera-telle ses frontières avec ses voisins et continuer à être membre de la CEDEAO.
Certes, la jurisprudence du Nigéria qui avait fermé sa frontière avec le Bénin est toujours présente dans les esprits dira-t-on, mais faut-il le rappeler, dans le cas d’espèce il s’agissait d’un différend entre un état et un autre. Dans le cas de la Guinée, il s’agit d’un acte unilatéral d’un président vis–à-vis de ses concitoyens, qui résident dans un pays voisin. Là-bas le motif invoqué était la lutte contre la fraude et la contrebande, ici il est politicien. Il fallait coûte que coûte empêcher des milliers de Guinéens d’accomplir leur devoir citoyen au vu et au su de tout le monde.
Personne n’a réagi. Aujourd’hui après qu’on ait laissé pousser les graines de la crise en Guinée on cherche la solution pour en sortir.
Deux alternatives démocratiques se posent pour sortir de l’impasse. La première c’est d’appeler au recomptage des votes sous la supervision d’observateurs indépendants de l’Union Africaine et de la société civile et présence des représentants deux candidats en lice et d’un au besoin d’un scrutateur désigné parmi les 10 autres candidats à l’élection.
La seconde est de reprendre les élections dans les endroits où les résultats font l’objet de contestations sérieuses et/ou les données recueillies et publiées par la CENI sont manifestement impossibles. Il semblerait qu’il y ait des résultats qui donnent PLUS DE 100% au candidat Condé, et qu’on essaie de justifier par des inscriptions de votants qui sont soit mandataires ou commis à la supervision des opérations électorales. Comment arriver à plus de 100% dans un tel cas de figure ?
Il est clair que l’actuelle CENI dans ces deux cas de figure devra être dessaisie au profit d’une commission tripartite composée des représentants des Candidats Condé et Cellou Dalein Diallo en présence des représentants d’organisations de la société civile ouest africaine ayant un statut d’observateur à la CEDEAO.
La CENI est un élément de conflit et on n’imaginerait très mal qu’elle puisse se renier en un laps de temps aussi court, pour les mêmes résultats.
L’une ou l’autre de ces solutions pourrait ouvrir la voie à un apaisement, permettre de connaître les vrais résultats du scrutin, et ainsi permettre à la cour suprême de déclarer élu, le vainqueur de l’élection.
Toute médiation de quelque bord qu’elle puisse venir, dés lors qu’elle vise à accréditer la victoire de Alpha Condé risque de rajouter à la crise actuelle, sinon l’amplifierait.