Réaliser l’Agenda « L’Afrique que nous voulons » de l’Union africaine (Ua) après la pandémie de la COVID-19 passe par la lutte contre les Flux Financiers illicites (Ffi).
Cette conviction est d’un groupe d’experts qui l’a exprimé à l’ouverture de l’édition 2020 de la Conférence panafricaine sur les Flux financiers illicites et la fiscalité.
Cette rencontre virtuelle de trois jours initiée par le think tank TrustAfrica et le Réseau pour la justice fiscale en Afrique, qui a officiellement débuté ce mercredi 11 novembre, a pour thème « La mobilisation optimale des ressources internes du secteur extractif pour la transformation de l’Afrique ».
Le Prof Victor Harison, Commissaire aux affaires économiques de la Commission de l'Union africaine (Cua) souligne que les Flux financiers illicites (Ffi) entrainent 89 milliards de dollars de pertes chaque année en Afrique. Une manne qui est supérieure à l’Investissement direct étranger (Ide) que reçoit le continent.
Selon lui, les FFI drainent des réserves de devise réduisant l’assiette fiscale, et remettant en cause les investissements avant de bouleverser la situation macroéconomique des pays africains.
Dans son cheminement, M. Harison souligne que les industries extractives sont particulièrement vulnérables aux FFI du fait de la complexité des chaines des valeurs mondiales.
Ce qui, à son avis, entraine la perte de ressources du continent et compromet le plan de développement.
Devant cette situation, ce représentant de l’UA dans ce panel virtuel estime que pour assurer une croissance inclusive de nos pays, il est nécessaire de lutter contre la corruption, mettre en œuvre la position commune africaine sur le redressement qui sont, entre autres, éléments essentiels, pour éradiquer les FFI.
Dans la même foulé, M. Ebrima Sall, Directeur exécutif de Trust Arica et Abdoulaye Diané, modérateur des débats, sont unanimes sur la nécessité de mieux gérer les ressources africaines au profit du continent.
Sur cette lancée, M. Amadou Hott, Ministre de l'économie, de la planification et de la coopération du Sénégal estime que c’est « un noble combat visant à préserver les ressources de l’Afrique ».
Face à la crise de COVID-19 qui a bouleversé nos sociétés, nos modes de vie et touché toutes nos économies, il s’est réjoui de la réaction des pays africains qui ont pris des mesures pour riposter et accroitre la résilience des populations, des entreprises ainsi que de leurs salariés.
Amadou Hott considère que « l’Afrique que nous voulons après la Covid-19 doit être souveraine, au plan sanitaire, alimentaire et pharmaceutique. Elle doit être industrialisée pour la création d’emplois massifs. Elle doit être productive et transparence à la faveur de la transformation numérique ».
Pour lui, le défi le plus urgent à relever afin d’y parvenir est celui de la mobilisation des ressources financières adéquates pour accompagner la relance des économies africaines. Un objectif qui, d’après lui, passe par l’éradication des flux financiers illicites
Le Prof Victor Harison de l’Union africaine pense également qu’il faut élargir l’assiette fiscale, assurer la numérisation des processus de mobilisation des ressources internes, parvenir à des mesures fiscales et participer à l’initiative africaine pour la transparence fiscale.
Il plaide ainsi pour le renforcement de la capacité des États membres à lutter contre les FFI et le blanchiment d’argent qui constituent un danger pour la mobilisation de ressources domestiques.
Dans la même foulée, le Dr Yao Graham, Directeur exécutif de Third World Network-Arica estime qu’il faut penser à optimiser le système de collecte d’impôt et améliorer les instruments nécessaires, mais aussi renforcer la connexion des modèles existants avec l’économie locale et continentale.
Pour lui, la transparence est une question transversale avec l’accessibilité de l’information.
Victor Harison, de son côté, considère que « c’est le moment de transformer nos matières brutes et le Botswana constitue un bel exemple pour ça ». A son avis, le modèle de ce pays va aider à réduire considérablement les Flux financiers illicites en Afrique.
Mukasiri Sibanda, Conseiller en gouvernance fiscale et des ressources naturelles chez Tax Justice Network Arica, de son côté, met le doigt sur l’absence de volonté politique pour formaliser la transformation minière qui, pour lui, traduit l’existence d’une crise organisée.
A son avis, les multinationales évoluent dans une illégalité totale et imposent des conditions insupportables aux pays africains qui contractent avec elles. Pour preuve, il brandit les difficiles conditions de travail imposées aux travailleurs dans les compagnies minières généralement mal rémunérés.