En Éthiopie, le conflit continue dans la province du Tigré, toujours coupé du monde depuis le début des combats le 4 novembre dernier. L'armée fédérale affirme avancer vers la capitale régionale dissidente, Mekele, et s'apprêter à l'envahir. Le Premier ministre Abiy Ahmed a donné trois jours au TPLF, le parti qui dirige la région, pour se rendre, et l'armée a mis en garde les habitants de la ville, ce qui a provoqué une mise en garde de l'ONU.
C'est le langage martial utilisé par le porte-parole de l'armée éthiopienne qui a provoqué l'inquiétude. « Sauvez-vous des attaques d'artillerie et libérez-vous de la junte » du TPLF, a lancé le colonel Dereje Tsegaye à l'adresse des habitants de Mekele, lors d'un point de presse dimanche. « Après quoi, il n'y aura pas de pitié » a-t-il dit.
Auprès de l'agence Reuters, la coordinatrice humanitaire de l'ONU en Ethiopie, Catherine Sozi, s'est aussitôt inquiétée pour « la protection des 525 000 civils vivant à Mekele ».
Laetitia Bader, responsable Human Rights Watch pour la Corne de l'Afrique, a elle aussi prévenu : « Traiter une ville entière comme une cible militaire serait non seulement illégal », a-t-elle réagi sur Twitter, « mais pourrait également être considéré comme une forme de punition collective », c'est-à-dire un crime de guerre.
Alors dans la soirée, le gouvernement éthiopien a tenté de préciser ses intentions. L'armée a fait savoir que le colonel faisait allusion uniquement aux chefs du TPLF. Et un long texte signé par le Premier ministre, Abiy Ahmed, a été publié par une agence gouvernementale. Il assurait que « toutes les mesures de précaution nécessaires ont été prises pour garantir que les civils ne soient pas blessés ».
Il a donné 72 heures au TPLF pour se rendre, c'est-à-dire d'ici mercredi 25 novembre.