Samedi, au moins 110 civils ont été tués alors qu'ils travaillaient dans leurs champs, dans l’État du Borno. Un massacre qui serait lié à la rivalité entre groupes djihadistes.
Ce nouveau massacre serait la conséquence de la nouvelle rivalité dans la région entre les groupes djihadistes Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), branche dissidente de Boko Haram.
L'attaque s'est produite dans une rizière située à moins de dix kilomètres de Maiduguri, la capitale de l’État du Borno, épicentre de l'insurrection islamiste. Le mois dernier, 22 agriculteurs avaient déjà été tués dans leurs champs, non loin de cette ville.
Pour le professeur Khalifa Dikwa, politologue et analyste nigérian, cette tension est liée à des objectifs différents entre les deux groupes. "L'un s'attaque à tout le monde pour islamiser à sa façon, c'est à dire Boko Haram. Toute personne qui n'est pas membre de Boko Haram est infidèle, alors que l'autre s'attaque à l'organisation de l’État, aux forces de l'ordre. Secundo, je pense qu'il s'agit aussi du financement. Peut-être que le financement vient de deux sources différentes", explique le politologue nigérian.
Un gouvernement prudent et sur la défensive
Quant au gouvernement nigérian, il semble impuissant face aux attaques de ces deux groupes terroristes. Il a ainsi estimé que les agriculteurs étaient responsables car ils s'étaient rendus dans une zone qui était interdite.
"Ils n'ont pas vraiment de solution (gouvernement et responsables), ils n'ont pas mis les moyens nécessaires à renforcer la présence de l´Etat, à gouverner et à offrir un minimum de paix et de sécurité pour les populations", estime Vincent Foucher, chercheur à l'International crisis group(ICG).
Il va plus loin et pense que l´armée n'a pour l´instant pas essayé de reconquérir les territoires occupés par les dihadjistes et attend plutôt dans des bases dans lesquelles elle est relativement protégée.
Ces attaques forcent aussi des milliers de personnes à fuir leur domicile. Mais les autorités locales de Borno souhaitent que les populations déplacées retournent dans leurs villages dans les prochains mois, malgré les risques.