En 2015, au moment de l'élection présidentielle, il avait été question de travailler à l'émergence d'un « Ivoirien nouveau », à savoir un Ivoirien qui aurait tourné le dos à un certain nombre de comportements nocifs tels que l'usage de la violence, la tricherie, la prévarication, la corruption, le népotisme, la recherche du gain facile, bref, tous les maux qui minent une société et la font régresser. Cinq ans après, quel bilan pourrait-on faire ? Est-il né, cet Ivoirien nouveau ? Les scènes de violence auxquelles nous avons assisté lors de la dernière élection présidentielle et surtout leur cruauté, avec notamment la décapitation d'un jeune homme à Daoukro et sa tête transformée en ballon de football, nous ont montré que pour ce qui est du respect de la personne humaine, nous avons encore du chemin à faire.
Il y a longtemps que nous dénonçons le peu de cas que les Ivoiriens font de la vie humaine. Combien de fois n'a-t-on pas lynché des personnes dans ce pays sur de vagues accusations de vol d'argent ou même de sexe? Combien d'hommes les étudiants de la Fesci, les escadrons de la mort des Refondateurs et les rebelles de Guillaume Soro n'ont-ils pas torturés et tués? Combien de femmes n'ont-ils pas violées en toute impunité ? Combien de « sorciers » n'a-t-on pas tués à la suite de prétendues révélations ? La liste des crimes impunis dans notre pays est interminable. Et chaque fois, nous montons d'un cran dans l'abjection. Une société qui s'accommode d'un tel état de fait et de tous les manquements aux valeurs qui fondent une nation forte, une société qui n'a plus de morale est une société moribonde.
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