Tribune de Kenneth Roth parue dans Le Monde, à l'occasion de la visite en France du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi
Le dictateur égyptien Al-Sissi durcit de plus en plus son régime mais sait toucher la corde sensible des intérêts européens en se présentant comme un rempart contre le terrorisme et les migrations, un ami d'Israël et un insatiable acheteur d'armes, explique le directeur exécutif de Human Rights Watch dans une tribune au « Monde ».
Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi profite de cette période de fortes turbulences mondiales pour renforcer la répression implacable qui est sa marque de fabrique. Depuis sept ans qu'il est au pouvoir, des dizaines de milliers de personnes ont été détenues pour des motifs politiques, souvent dans des conditions abominables ; les personnes LGBT [ lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres], les militantes des droits des femmes et les influenceurs actifs sur les réseaux sociaux sont arrêtés en victimes d'abus.
La torture est devenue systématique, et la force létale est utilisée à tout va. La dernière action en date de son gouvernement a été d'arrêter et de détenir le directeur et deux responsables de l'une des dernières organisations indépendantes qui continuent de dénoncer la répression, l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR). Ils ont été libérés le 3 décembre, mais les accusations criminelles n'ont pas été abandonnées, et les avoirs de l'EIPR restent gelés.