Le Projet d'appui et de valorisation des initiatives entrepreneuriales (Pavie) est officiellement lancé ce mardi 15 décembre à Dakar. Conduit par la Délégation générale à l'Entreprenariat Rapide des Femmes et des Jeunes (Der/FJ) avec la Banque Africaine de Développement (Bad) et l'Agence Française de Développement (Afd), ce projet d'un montant de 74 milliards de F Cfa pour trois ans, prévoit de créer 15' mille emplois dans les domaines de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche, de la transformation économique, et susciter le digital.
Officiellement lancé ce mardi 15 décembre, le Projet d'appui de valorisation des initiatives entrepreneuriales (Pavie) a démarré de façon formelle depuis juillet 2020.
Il est financé à hauteur de 74 milliards de F Cfa destiné à une première phase de trois ans inclus ainsi les financements de la Banque africaine de développement (41 milliards de F Cfa) et un prêt de l'Agence française de développement (13 milliards de F Cfa), sur la contrepartie du gouvernement du Sénégal.
Le Délégué général de la DER/FJ assure que le PAVIE permettra, à terme, de financer plus 14 000 initiatives entrepreneuriales pour la création d'environ 154 000 emplois, dont 65 mille emplois directs et 89 mille emplois indirects. Et de préciser que « 60% des emplois sont destinés aux femmes ».
A en croire à Pape Amadou Sarr, le programme contribuera également à l'amélioration des capacités techniques des bénéficiaires à travers la formation et le renforcement de capacités de 27 000 entrepreneurs dont plus de 15 000 femmes, soit plus de la moitié.
D'après lui, la promotion de l'innovation et des technologies numériques constitue égale également un volet important du PAVIE.
En effet, poursuit-il, 2 200 entreprises seront accompagnées à la transformation digitale et ceci, en plus de la formalisation de toutes les entreprises déjà accompagnées par la DER/FJ qui sont 3500 dont 50% sont dirigées par des femmes.
En outre, souligne-t-il, le mécanisme de suivi des financements sera renforcé par un dispositif de suivi géolocalisé des investissements.
Et de souligner que tous les projets financés dans le cadre du PAVIE ont été élaborés en adéquation avec les secteurs prioritaires définis dans le Plan Sénégal Émergent (Pse) et dans les lettres de politiques sectorielles.
15 milliards de F Cfa déjà injectés dans plusieurs secteurs
Destiné à la structuration des chaînes de valeur artisanales et agricoles, le PAVIE semble réussir une démarche « fast-track », en cinq mois de mise en œuvre.
L'objectif qui a motivé l'engagement du compagnonnage DER/FJ-BAD-AFD est de lutter durablement contre le chômage des jeunes, développer les initiatives entrepreneuriales des femmes et des jeunes en les aidant à avoir accès à des financements de bonne qualité et aux marchés pour écouler leur production agricole et artisanale.
Le Délégué général de la DER/FJ, M. Pape Amadou Sarr confie qu'à ce jour, pas moins de 15 milliards de F Cfa ont été injectés dans plusieurs domaines allant de l'anacarde, à la transformation des produits halieutiques, du sel et de l'arachide.
M. Adam Amoumoun, Responsable Pays de la BAD au Sénégal, estime que ce projet novateur s'inscrit dans le cadre de la réponse du gouvernement du Sénégal à la problématique de l'emploi des jeunes.
« C'est une réponse qui se veut pragmatique et pertinente face aux défis à relever mais également durable à travers les opportunités offertes aux jeunes et des femmes pour sortir définitivement du chômage et du sous-emploi ».
M. Amoumoun confie que le financement de la BAD qui est de 32 milliards de dollars est entré en vigueur dans un délai record, le 19 février 2020.
« Après moins d'une année de mis en œuvre, il affiche aujourd'hui un taux de décaissement de 12% avec plusieurs activités démarrées au profit des bénéficiaires. C'est pour cette raison que nous n'avons pas de doute que les résultats attendu seront atteints dans le délai imparti ».
Des résultats qui annoncent déjà les couleurs avec un apport qui, à en croire Pape Amadou Sarr, a eu un impact certain sur l'activité des bénéficiaires qui sont essentiellement des femmes et des jeunes, couches très touchées par la pauvreté au Sénégal.
L'impact du PAVIE est confirmé par certains bénéficiaires à l'image de Boubacar Camara, un étudiant en gestion et création d'entreprise à Médina Yoro Foula. Ce jeune qui gère une unité d'anacarde dans sa localité affirme que sa production est passée de 50 kilogrammes par jour à 300 kilogrammes par heure.
A l'en croire, l'appui de la DER/FJ qui lui a permis d'acquérir une décortiqueuse a boosté son business qui emploie 50 jeunes et femmes leur a permis d'arriver à transformer 30 tonnes d'anacardes par an. Une production qu'il affirme écouler dans le marché national et sous-régional.
Mme Marie Diouf surnommée la « Reine du Sel », abonde dans le même sens. Habitante d'un village de Fatick, cette dame emploie une vingtaine de femmes et d'hommes.
Selon elle, l'appui reçu dans le cadre du PAVIE lui a permis d'augmenter sa production en la portant à 1000 voir 1500 tonnes de sel.
Dans ce même cadre, la délégation lui a permis de nouer un partenariat avec Patisen qui a besoin d'un approvisionnement régulier en sel.
Sur cette même lancée, Mme Awa Sarr Ibé, femme entrepreneur qui évolue dans la transformation, le conditionnement et la commercialisation du sel ne manque plus d'ambition.
Avec son unité basée à Kaolack, Mme Sarr veut devenir leader dans un secteur qui, jusque-là, est la chasse gardée des hommes.
La DER/FJ un exemple à démultiplier en Afrique
Le modèle de la DER/FJ continue de charmer les observateurs et partenaires techniques et financiers qui l'accompagnent. C'est à l'image du Directeur de l'Agence française de développement (Afd) au Sénégal.
M. Alexandre Pointiller, puisse que c'est de lui qu'il s'agit, affirme que « la DER, en général, le PAVI, en particulier, constitue une innovation très forte au niveau du continent. Une innovation qu'il convient de suivre avec beaucoup d'attention dans les années à venir ».
A son avis, cette dynamique de financement des TPE-PME portée par la DER/FJ est une des briques d'un écosystème d'innovation plus large qu'il convient de consolider et renforcer.
Cette invite de M. Pointiller s'adresse à un contexte africain où l'investissement est extraordinairement concentré sur quatre à cinq ville à savoir Lagos, le Caire, Nairobi, Johannesburg, Le Cap. Elles concentrent 80% des investissements du continent alors qu'à l'inverse, l'Afrique francophone ne capitalise que 3% du total des investissements.
Il explique cette situation par le fait que l'Égypte, le Kenya, le Nigéria et l'Afrique du Sud partagent la faculté d'avoir pu mobiliser depuis de nombreuses années un réseau très dynamique qui regroupe des centaines de startups pouvant prétendre à des investissements importants et à des valorisations significatives.
Suite à ce regard prospectif, le Directeur de l'AFD au Sénégal estime qu'avec son objectif d'apporter des financements d'amorçage de masse aux TPE-PMI, la DER/FJ adopte une démarche novatrice et dynamique avec la logique filière.
Pour lui, cette démarche porte la possibilité d'un réel changement de paradigme, dans l'accès au financement des entrepreneurs au Sénégal.
« Les débuts sont prometteurs et cette option peut devenir une source d'inspiration pour de nombreux d'autres pays », s'est-il réjoui.
Sur cette même lancée, M. Adam Amoumoun estime que pour tirer profit de cette dynamique et améliorer ses effets et ses impacts à l'endroit des bénéficiaires, il invite la DER/FJ à identifier les synergies et les complémentarités avec les différentes opérations de la BAD notamment les projets avec le ministère de l'agriculture, le ministère de l'industrie, le ministère de la formation professionnelle…