Dix ans après la victoire de la révolution en Tunisie, le 14 janvier 2011, les autorités s'abstiennent toujours de publier la liste officielle des blessés et des martyrs de la révolution. Une dizaine d'entre eux organisent un sit-in, depuis le 26 décembre, à Tunis. Ils ont alerté les médias, tenté une grève de la faim et cousu leurs lèvres. Pour l'instant en vain.
Le Kram, coquette petite ville côtière de la banlieue nord de Tunis, située à quelques encablures du Palais de Carthage, cache derrière sa ligne ferroviaire ses franges les plus déshéritées - le grand quartier 5-Décembre, au Kram Ouest. Les habitants aiment d'ailleurs comparer le tracé du chemin de fer au mur de Berlin qui séparait, avant la chute du bloc communiste, les deux Allemagne, celle de la prospérité et celle de l'austérité. Agrandie à l'échelle du pays, cette césure urbaine renvoie à la fracture qui s'est élargie, au fil des ans, entre la Tunisie des démunis, celle des « profondeurs », et la Tunisie riche et ouverte sur la mer. Une fracture qui a précisément été considérée comme un des facteurs du déclenchement de la révolution, en décembre 2010.
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