Entre les localités de Koumra et Sarh, dans le sud du Tchad, Brahim Amadaye regarde à perte de vue son champ de maïs puis laisse exploser sa joie : « cette année, la moisson a été abondante. Nous en avons assez pour la consommation familiale. Le surplus va être acheminé sur les marchés locaux à travers la route Koumra-Sarh que la Banque africaine de développement a aidé à construire. Masha Allah (Dieu soit loué) ! »
Aider l'État à dépenser mieux et à sécuriser les allocations budgétaires dans le domaine social, tel est le double objectif auquel a contribué le Programme d'appui aux réformes des finances publiques (PARFIP II) du Tchad, devenu Programme d'urgence d'appui à la consolidation budgétaire (PUCB).
Dans sa première phase du PARFIP II, mise en œuvre de juin 2016 à mai 2017, ce programme de près de 25,5 milliards de francs CFA (environ 38 millions d'euros) a été financé par un don d'environ 12,3 milliards de FCFA de la Facilité d'appui à la transition (FAT), un instrument de la Banque africaine de développement pour appuyer les États en situation de fragilité. Le programme a également bénéficié d'un autre don de 9,7 milliards de FCFA du Fonds africain de développement (FAD) ainsi que d'un prêt de 3,4 milliards de FCFA du même FAD, le guichet de la Banque en charge des prêts à taux concessionnels.
Le PARFIP II-PUCB a très vite soutenu les efforts de renforcement de la résilience du Tchad, pays en transition, à travers la mobilisation des ressources nationales hors pétrole, principal produit d'exportation du pays, qui a représenté jusqu'à 23,2% du produit intérieur brut (PIB non pétrolier) en 2012.
Un des leviers de cette ambition fut l'augmentation des recettes fiscales hors pétrole à travers la modernisation de la Direction générale des impôts qui s'est dotée d'un nouvel organigramme plus cohérent et plus efficace, après avoir informatisé certaines de ses prestations et signé un protocole d'accord avec la Direction générale des douanes. Ces réformes ont fait passer les recettes fiscales hors pétrole de 7% en 2016 à 8,8% en 2019.
L'ensemble de ces mesures ont eu pour effet une nette amélioration du solde budgétaire, qui est passé de moins de 2,5% du PIB en 2017 à 1,9% en 2018.
Partenariat fructueux et diversifié : ici, cérémonie de signature d'une convention d'appui budgétaire entre le ministre tchadien de l'Économie et de la Planification du développement, Issa Doubrane, et le responsable-pays de la Banque africaine de développement au Tchad, Ali Lamine Zeine.
Les populations, principales bénéficiaires de la résilience de l'État
Comme des milliers de producteurs, Brahim a bénéficié de la stratégie de renforcement de la résilience agricole soutenue par le PARFIP II-PUCB. Outre la résilience agricole, le projet a contribué à sécuriser les dépenses sociales dans le budget de l'État tchadien à travers l'instauration de planchers d'allocations « intouchables » pour la santé, l'éducation, le développement rural, l'accès à l'eau potable.
Ainsi, grâce à la mise en œuvre du PARFIP II-PUCB, Fatimé, Liliane, Etta, Henriette, Zarah et Jacqueline, comme toutes les femmes tchadiennes enceintes, ont bénéficié de la gratuité de la prise en charge médicale dans les structures sanitaires. Leurs grossesses ont pu être suivies et leurs accouchements assistés
À Abéché, Moundou, Bol, Mao, Faya, Doba, la capitale N'Djamena et ailleurs dans le pays, les activités du programme ont permis de faire progresser le taux de scolarité. Elles ont surtout donné la chance à Nathalie, Myriam, Amina Dafardé ainsi que toutes les jeunes filles d'aller à l'école à travers le financement garanti des activités d'information, d'éducation et de communication (IEC) en matière de scolarisation des filles.
Meilleur accès à l'eau potable, actions pour une nette augmentation des terres irrigables exploitées, nombreuses initiatives au profit des femmes et des filles : le PARFIP II-PUCB aura contribué à remédier aux vulnérabilités et à renforcer la résilience des populations tchadiennes. En effet, le projet a répondu à trois des cinq priorités de la Banque dites « High 5 » à savoir, « Nourrir l'Afrique », « Améliorer la qualité de vie des populations africaines » et « Intégrer l'Afrique ».
Tout compte fait, le PARFIP II-PUCB aura été un projet transformateur autant par son impact positif en faveur de l'État et des populations tchadiennes, ses deux bénéficiaires, que par le respect strict du délai d'exécution et la qualité du niveau de décaissement : 100% à la date d'achèvement du projet en décembre 2019.
Au Tchad, terre d'élevage et de bétail, le projet a accompagné la diversification de l'économie hors pétrole.