En Tunisie, quelques jours après le dixième anniversaire de la Révolution, des violences de rue se sont poursuivies tout le week-end. Dans les quartiers populaires de Tunis et plusieurs autres localités, des jeunes ont bravé le couvre-feu en vigueur et ont pris pour cible la police.
Parmi ces jeunes, dont plusieurs centaines ont été arrêtés, beaucoup sont mineurs, au chômage, ou même déscolarisés. La situation sanitaire liée au Covid-19 n'a fait qu'aggraver un bilan économique et social désastreux pour le pays.
Les jeunes parfois mineurs qui ont affronté la police n'ont pas de mots d'ordre mais beaucoup de colère face à l'absence de perspectives économiques.
Dix ans après la Révolution, le taux de chômage des jeunes en Tunisie dépasse les 35 %. Ainsi, la croissance économique n'est pas assez forte pour absorber cet afflux de jeunes (diplômés ou non) qui arrivent sur le marché du travail chaque année. La crise sanitaire a encore aggravé le problème.
Pour des raisons d'équilibre budgétaire, l'État ne peut plus avoir recours aux classiques expédients des embauches massives dans la fonction publique. Plus généralement, depuis la Révolution, les Tunisiens ont vu leur revenu par habitant fondre de 30 %... le dinar a vu sa valeur baisser de 40 %.
Ce bilan désastreux doit beaucoup à l'incapacité des forces politiques morcelées à mener à leur terme les réformes nécessaires. Ce soulèvement des plus jeunes fera-t-il bouger les lignes ?
C'est avec circonspection que les Tunisiens regardent s'opérer un énième remaniement ministériel décidé, ce week-end, alors que les rues tunisiennes s'embrasaient.