Ecrits sous moustiquaire est un recueil de poésie de la photographe française Marie-Clotilde Bastide. C'est un œil venu d'ailleurs qui se pose sur l'Afrique et particulièrement sur l'autre ville, celle qui prolifère à sa périphérie comme un chancre mou et que l'on cache comme une maladie honteuse. Avec sa langue qui puise dans le français de la rue d'Afrique comme dans celui académique, elle observe ses hommes, femmes et enfants qui entrent dans son champ de vision et expose leur vie misérable.
Dès qu'on ouvre ce livre, on voit tomber les vérités établies. Ainsi de l'antienne, « une image vaut mille mots » attribuée à Confucius serinée à l'envi et sur tous les tons tellement sa validité semble irréfutable. Pourtant, devant ce recueil, cette maxime se fracasse. Ici, c'est plutôt le mot qui vaut mille images. En effet, il suffit de regarder les photos qui accompagnent le recueil pour se rendre compte qu'elles perdent le combat devant la force des mots. Ces photographies enserrent les textes comme un coffret protège des joyaux. Sur les images, on voit des enfants qui jouent. Une rue avec un cloaque de sachets plastiques. La photo fige des instantanés, elle fixe l'objet comme on épingle un insecte sur une planche tandis que les mots animent l'objet, l'insère dans un univers et construit une réalité. Dire Toudoubwéogo et c'est un univers qui se lève et s'anime. Sans doute, c'est cela qui a poussé l'autrice à faire provision de mots pour restituer ses déambulations dans ce quartier, et au Burkina et dans la sous- région.
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