Patrice Motsepe prochain président de la Confédération africaine de football (Caf)? C'est le bruit qui court depuis deux jours. La presse fait état d'un arrangement qu'aurait trouvé la Fifa pour répartir les rôles dans prochain attelage de la Caf. Ce protocole, dit de Rabat, qui placerait le Sud-africain à la tête de l'instance dirigeante du football continental et ses challengers, Me Augustin Senghor et Ahmed Yahya, respectivement premier et deuxième vice-président, aurait reçu l'agrément des principaux concernés. Un scénario que nul n'aurait imaginé un mois plus tôt, tellement grande était la détermination des candidats à succéder au Malgache Ahmad Ahmad épinglé par la Fifa pour corruption avant d'être blanchi par le Tribunal arbitral du sport (Tas).
La candidature de Me Augustin Senghor avait pourtant suscité l'espoir, parce que considéré comme l'homme de la situation, donc bien outillé pour redorer le blason d'une Confédération aux abois. Le président de la Fédération sénégalaise de football (Fsf) s'était ainsi positionné en favori pour présider aux destinées de l'instance et bâtir une Caf crédible, attrayante et performante. Mieux, le patron du football sénégalais avait « revendiqué cette compétence jeune, engagée et ouverte sur le monde qui peut impulser, par son leadership innovant la dynamique collective et participative capable de sortir le football africain de l'ornière dans laquelle il se trouve ».
Que s'est-il donc passé en l'espace d'un mois pour que le magnat sud-africain des mines qui a construit sa prospérité loin des terrains de football soit désigné comme la personne la plus apte à diriger la Caf ? Pour que Me Senghor qui se déclarait être « celui avec qui la Fifa peut travailler pour mener à bien tous les projets qu'il a pour le football africain » accepte pareil compromis? Pour que Yahya qui avait refusé de se ranger derrière Me Senghor, mais qui avait accepté de se ranger derrière le candidat de la région le mieux placé change de fusil d'épaule ? Parce qu'en réalité, on ne va vraiment pas en guerre pour la perdre ni aux élections pour arriver deuxième ou troisième. Mais plutôt pour gagner. La récente tournée en Afrique de Gianni Infantino, à moins d'un mois de l'échéance électorale, n'y est sans doute pas étrangère.
Dans le milieu sportif africain, nombreux sont ceux à penser que la Caf subit le diktat de la Fifa. Des voix se sont même élevées pour dénoncer une ingérence de l'instance du football mondial dans le processus électoral de la Caf. Elle a même été accusée de parrainer la candidature du président des Mamelodi Sundowns. Malgré les doute sur son impartialité, Veron Mosengo-Omba, son Directeur chargé du développement du football, avait, lors de l'Assemblée générale de l'Union des fédérations ouest africaines (Ufoa) tenue en janvier dernier à Praia, déclaré que « la Fifa ne votait pas ».
Avec cette nouvelle donne dans laquelle on voit la main de la Fifa, difficile de défendre le contraire. Et si ce fameux protocole venait à se confirmer, il n'y aurait vraiment plus de suspense le 12 mars prochain, au Maroc. Et la 43e Assemblée générale de la Caf ne serait qu'une simple formalité. L'Afrique de l'ouest, avec ses trois candidats, raterait alors une belle occasion d'installer pour la première fois un de ses fils à la tête de l'institution. Et ça ne sera que fort bien mérité.