Dakar — Article 19, une association de défense de la liberté d'expression et d'information, appelle les autorités sénégalaises à renforcer la sécurité des journalistes, à élucider les circonstances de la mort des personnes victimes des violentes manifestations et à libérer les politiciens et activistes détenus.
"Des activistes ont été arrêtés, des journalistes et médias attaqués, et au moins cinq personnes sont mortes depuis le début des contestations antigouvernementales qui ont rapidement dégénéré en émeutes et violences dans la capitale sénégalaise, Dakar, à Ziguinchor et dans d'autres régions", affirme Article 19 dans un communiqué parvenu samedi à l'APS.
"Face à cette escalade de violence et de tension, le gouvernement doit prendre des mesures concrètes pour renforcer la sécurité des journalistes et protéger l'indépendance de la presse et l'accès du public à l'information", écrit l'organisation de défense de la liberté d'expression et d'information.
Elle appelle les autorités sénégalaises à "faire la lumière sur les circonstances de la mort des personnes" victimes des violentes manifestations et à "libérer les politiciens et activistes détenus".
Article 19 affirme que "depuis le début du mois, au moins quatre activistes et leaders des mouvements citoyens, dont Guy-Marius Sagna, sont détenus et accusés d'infractions" diverses : "menace à la sûreté de l'Etat", "appel à l'insurrection", etc.
Sa directrice en Afrique de l'Ouest, Fatou Jagne, dit être "très préoccupée par (... ) la violence et la destruction des biens publics et privés pendant les émeutes".
"La crise (... ) s'étant aggravée, les médias sont devenus l'une des principales victimes de la violence" au Sénégal, souligne l'organisation.
"Nous sommes profondément préoccupés par les attaques et les menaces dont font l'objet les organes de presse et les journalistes et demandons toutes les parties de respecter la liberté des médias et à s'abstenir de toute violence contre les médias", a réagi Mme Jagne, dans le communiqué.
Elle déplore également la coupure du signal de deux médias, Walf TV et SenTV, par le Conseil national de régulation de l'audiovisuel.
De même dénonce-t-elle "les violentes attaques contre la RFM, la Télévision futurs médias, le site Dakaractu, et le journal gouvernemental Le Soleil, ainsi que les violences physiques entrainant des blessures sur quatre journalistes couvrant une manifestation".
"Cibler les médias en période de crise politique n'est pas seulement dangereux pour la sécurité des journalistes, cela augmente également les tensions", avertit Article 19, rappelant que "la démocratie ne peut pas fonctionner sans la pluralité des médias et la diversité des opinions" .
Des violences ont éclaté dans plusieurs villes du pays après l'arrestation, mercredi 3 mars, de l'opposant Ousmane Sonko, accusé par une employée d'un salon de beauté et de massage de "viols répétés" et de "menaces de mort".
M. Sonko, député et candidat à l'élection présidentielle de 2019, est également accusé de "trouble à l'ordre public" et de "participation à une manifestation non autorisée". Inspecteur des impôts et domaines, il a été radié de la fonction publique par le président de la République, Macky Sall, pour non-respect de l'obligation de réserve et de discrétion professionnelle.