A sa conception, la communauté internationale percevait la capture du dividende démographique comme une notion compréhensible des seuls experts. En deux ans, le Bureau Afrique de l'Ouest et du Centre de l'UNFPA a prouvé, via le projet Fass Emergent (Fass E), sa concrétisation démontrant sa contribution majeure à la croissance économique. Un mode d'emploi que M. Mabingué Ngom et son équipe explique dans un ouvrage rendu public ce lundi 12 avril à Dakar.
« Capture du dividende démographique au service de l'émergence : cas de la commune de Gueule Tapée-Fass-Colobane (Dakar) ». C'est le titre de l'ouvrage que le Bureau Afrique de l'Ouest et du Centre de UNFPA, sous la direction de Mabingué Ngom, a lancé ce lundi 12 avril à Dakar.
Préfacé par le Président de la République du Sénégal, M. Macky Sall et postfacé par M. Ousmane Ndoye, Maire de la Commune de Gueule Tapée-Fass-Colobane, et Mme Safiétou Diop, présidente du Réseau Siggil Jigéen (Rsj), ce livre de 192 pages démontre à suffisance la possibilité de concrétiser le dividende démographique que beaucoup d'observateurs qualifiaient d'éléphant blanc ou une idée abstraite.
Ce travail de recherche prouve ainsi qu'avec plus d'individus actifs, et donc avec moins d'individus à nourir, à éduquer, à habiller et à soigner, les pays ont le potentiel de réaliser une croissance rapide.
Une opportunité sans précédent qui nécessite une transformation de la structure de la population, l'autonomisation des femmes, la lutte contre le chômage des jeunes et des améliorations dans les domaines de la santé et de l'éducation. Ce à quoi le projet de Fass E a tenté de répondre en harmonie avec le Plan Sénégal Emergent (Pse).
Comme l'a dit le président de la République du Sénégal, M. Macky Sall : « Avec Fass Emergent, Mabingué Ngom traite de la problématique du dividende démographique, dont il est un des défenseurs connus et reconnus, sous un angle et un éclairage qui ont retenu mon attention à plus d'un titre ».
A travers cet œuvre intellectuel, le Directeur régional de UNFPA, Mabingué Ngom, le comité scientifique et l'équipe de rédaction que dirigeait le Pr Alioune Sall, preuve à l'appui, ont clairement indiqué la voie à suivre.
Ils ont consigné le mode d'emploi dans ce document retraçant l'historique du projet pilote Fass Emergent qui sonne comme une réponse donnée à l'Union africaine et au système des Nations Unies qui recommande de faire de la capture du dividende démographique une priorité dans le processus de développement de chaque pays. Le projet Fass Emergent traduit ainsi en acte l'agenda international sur le dividende démographique.
Dans sa préface, le chef de l'État sénégalais estime que « Fass E a retenu mon attention parce qu'il vient redonner de la vigueur à l'idée selon laquelle entre la pensée et l'action il ne saurait y avoir de muraille infranchissable ».
Pour Mabingué Ngom cette expérience s'est singularisée par la démarche partenariale privilégiée. A l'en croire, cela consistait à amener les partenaires techniques et financiers à Fass pour répondre aux attentes des populations d'une commune cosmopolite.
A son avis, « Fass E c'est faire du développement autrement ; c'est la concentration des outils développés pour répondre aux attentes des populations ; c'est travailler ensemble en écoutant les populations ».
Dans la même veine, le maire de la commune Gueule Tapée- Fass-Colobane s'est félicité des capacitations acquises par les jeunes à travers le Projet « Fass E ».
M. Ousmane Ndoye parle de capacitations techniques en matière d'animation et de promotion économique, locale de développement, à travers la mise en place d'un dispositif pérenne d'animation économique. Pour le plus grand profit de leur Commune.
« Ces vaillants jeunes que vous voyez en face de vous, ont fini de matérialiser nos stratégies axées sur la politique de maximisation de nos ressources fiscales, en collaboration avec la Recette-Perception de Dakar-plateau, en charge du recouvrement de nos ressources », s'est-il +réjoui.
L'édile de la commune de Gueule Tapée-Fass-Colobane explique que la matérialisation de ces résultats a été rendu possible par une démarche consistante à faire passer les bons messages aux bons messagers.
Outre ces animateurs et les causeries organisées dans les quartiers, les acteurs ciblent les membres les plus respectés de la société que sont les chefs religieux et traditionnels qui comprennent l'importance de cette question.
L'indispensable passage à l'échelle
Le passage à l'échelle de ce projet pilote ne devrait souffrir d'aucune contrainte. Lors du lancement de l'ouvrage, FassE a suscité un intérêt certain auprès du public venu nombreux.
Plus d'une dizaine de représentants du gouvernement sénégalais, ainsi la société civile du pays, les représentants des agences onusiennes, des collectivités territoriales, d'organisations de jeunes activistes, entre autres, sont venus magnifier la qualité d'un travail qui, selon eux, symbolise le développement locale.
Déjà dans sa préface, le chef de l'État du Sénégal fait savoir que « avec des preuves qui peuvent être multipliées à l'envi, la valorisation du capital humain et la participation des populations à l'aménagement de leurs cadres de vie apparaissent comme une rampe de premier choix pour amorcer, accompagner ou encore renforcer la territorialisation des politiques publiques dont Fass E pourrait, en tant qu'expérience de développement local, être appréhendée comme emblématique ».
A cet effet, les représentants de collectivités territoriales comme Guédiawaye, Sandiara, Kolda, Koungueul, présents à la cérémonie de lancement de l'ouvrage, ont manifesté leur souhait de voir répliquer le projet dans leur localité.
Ce qui cadre avec la vision du Directeur régional de UNFPA qui estime « Fass E est une expérience que nous souhaitons voir répliquer dans toutes les communes du Sénégal, de la sous-région et de toute l'Afrique ».
Pour lui, « Nous avons réussi l'intégration en cassant les murs et en mettant les leaders au centre du processus. FassE est une rupture, une révolution qui doit inspirer les autres communes ». Et d'ajouter : « Si nous lançons un projet FassE dans toutes les communes, on peut prétendre vers l'émergence ».
Dans la même veine, le président M. Macky Sall, a lancé : « je souhaite que l'initiative soit une source de réflexion et d'inspiration pour toutes les autres communes du Sénégal et de l'Afrique ».
Pour lui, il faut continuer à optimiser le modèle de FassE pour en faire un instrument pour répondre aux besoins s des populations.
Les préalables de la démultiplication
Le projet « Fass E » a fini de montrer l'opérationnalisation de la capture du dividende démographique. L'heure est maintenant au démarrage du processus d'accélération.
Pour Mabingué Ngom, « cette dynamique, nous l'avons commencé à Fass, si nous ne travaillons pas ensemble, en faisant tomber les drapeaux, en mobilisant les leaders locaux, les jeunes, nous avons raté l'opportunité d'accélérer la marche de notre pays, notre continent, vers la prospérité ».
A son avis, c'est un modèle à améliorer pour les 557 maires du Sénégal puissent s'en inspirer et mettre à l'évidence la territorialisation des politiques publiques.
Un leitmotiv qui selon, Mme Safiétou Diop, présidente du Réseau Siggil Jigéen (Rsj), sera réussi si toutefois les populations se mettent au service de leurs communes, instaurent le contrôle citoyens et que personne ne soit laissé en rade. Ce qui, à son avis, est le passage obligé pour arriver à l'émergence.
Conformément aux objectifs de développement durable, Safiétou Diop pense que les communes doivent comprendre que sans le partenariat rien ne pourra se faire.
Cette citoyenne de la commune de Fass pense que la promotion de leadership féminin doit être un point saillant de ce projet.
Pour elle, l'État doit s'engager à travailler avec les communes qui sont proches des populations.
Elle appelle aussi les élus locaux à réfléchir à mettre en place des mécanismes de suivi évaluation, de redevabilité et de contrôle citoyen.
Pour elle, dans la conception et la mise en œuvre de ce genre de projet, il ne faut jamais oublier nos valeurs en prenant en compte le dialogue intergénérationnel pour faire émerger une conscience citoyenne
Même son de cloche pour Siaka Coulibaly, coordonnateur résident du Système des Nations Unies. Selon lui, le titre révélateur de l'ouvrage exhorte à l'optimisme et résonne comme un plaidoyer pour une véritable renaissance africaine fondée sur le Dividende démographique.
A son avis, Fass E est un modèle d'intégration avec sa démarche partenariale. C'est un exemple pour l'accélération vers les ODD et l'agenda 2030.
D'après lui, l'ouvrage mérite d'être lu pour découvrir un modèle à répliquer dans les autres communes du Sénégal et de l'Afrique.