Afrique: L'immensité de la contribution d'Amadou Mahtar Mbow dans l'écriture de l'histoire générale de l'Afrique magnifiée

10 Mai 2021

L’immensité de la contribution du Pr Amadou Mahtar Mbow dans la réécriture de l’histoire générale de l’Afrique a été revisitée de fond en comble lors du wébinaire que le Comité de Célébration du Centenaire de l’ancien directeur général de l’UNESCO, a tenu ce samedi 8 mai. Cette rencontre qui s’est tenue au Centre de recherche ouest africain (Warc) de Dakar également diffusée virtuellement a été une occasion de magnifier l’œuvre d’un grand homme dans une entreprise ayant contribué à une meilleure évaluation de la contribution de l’Afrique dans la marche de l’humanité.

« Amadou Mahtar Mbow et la réécriture de l’Histoire africaine ». C’est le thème autour duquel la réflexion a été convoquée dans l’après-midi du samedi 8 mai, pour mesurer l’apport du Pr Amadou Mahtar Mbow dans le processus de rétablir un pan important de l’histoire mondiale.

Dans cet exercice d’introspection, le Pr Abdoulaye Bathily relève que l’œuvre de Amadou Mahtar Mbow a été capitale pour les historiens africains.

Sa contribution a été essentielle notamment quand il a été à la tête de l’UNESCO où il a initié un travail monumental sur l’histoire générale de l’Afrique des origines à l’époque contemporaine qui a mobilisé dans les années 70-80, tout ce que compte le compte le continent comme meilleurs spécialistes de l’histoire africaine en Afrique, dans la diaspora et le monde.

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Pour le Pr Bathily, c’est un travail colossal qui a abouti à la rédaction de huit volumes allant de la méthodologie historique à l’antiquité, jusqu’aux indépendances. Ce qui lui fait dire qu’« il fallait un visionnaire comme Mbow pour penser à ça ».

C’est ainsi qu’il convoqua l’ancien directeur général de l’UNESCO qui, dans la préface de cet œuvre disait : « Longtemps mythes et préjugés ont caché au monde l’histoire réelle de l’Afrique. Les sociétés africaines passaient pour des sociétés qui ne pouvaient avoir d’histoire. Malgré d’importants travaux effectués dès les premières décennies de ce siècle par des pionniers comme Léo Frobenius, Maurice de La Fosse, Arturo Labriola, bon nombre de spécialistes non africains attachés à certains postulats soutenaient que ces sociétés ne pouvaient faire l’objet d’une étude scientifique faute de sources et de documents écrits ».

Le Pr Mbow d’ajouter : « Un autre phénomène a beaucoup nui à l’étude africaine du passé. Je veux parler de l’apparition avec la traite négrière et la colonisation, de stéréotypes raciaux générateurs de mépris et d’incompréhension si profondément ancrés aux faussaires jusqu’aux concepts même de l’historiographie. »

Le Pr Abdoulaye Bathily s’est félicité du fait que le Comité international qui a été mis en place pour la circonstance était composé de 39 membres dont les deux tiers étaient des historiens africains.

A son avis, la publication de ces ouvrages a profondément changé la donne concernant l’historiographie. « Elle a contribué au renouvellement de nos connaissances sur l’histoire africaine ».

Dans le même tempo, le Pr Thierno Moctar Baha brandi des ouvrages dont le Pr Mbow a été à l’origine. A cet effet, il a cité : « L’histoire de l’Afrique du 7ème au 16ème siècle, classe de 5ème », édité par Amadou Mahtar MBow, Joseph Ki-Zerbo et Jean Devisse en 1970.

A cela, le Pr Bah y ajoute : « L’Afrique et le reste du monde du 17ème au début du 19ème siècle, la traite négrière, paroxysme et recul en 1960 ».

Pour lui, ces manuels ont contribué à la désaliénation de l’histoire africaine longtemps masquée et défigurée.

M. Bah pense que pour les nombreuses jeunes générations qui ont appris l’histoire dans ce manuel ceux-ci ont été une source de prise de conscience et d’enracinement.

A son avis, il était utile d’évoquer cette activité pionnière pilotée par Amadou Mahtar Mbow qui a abouti à l’écriture de l’histoire générale de l’Afrique.

Il indique que cette histoire générale de l’Afrique a été réalisée selon le principe de l’égale dignité de toutes les cultures du monde.

Le Pr Thierno Moctar Bah estime que c’est à cette lourde et exaltante tache qu’Amadou Mahtar Mbow s’est attelé avec conviction et responsabilité. « Il a veillé à ce que l’histoire du continent soit envisagée dans sa totalité en privilégiant les perspectives androgènes ».

Pour Amadou Mahtar Mbow, confie-t-il, l’engagement politique et le combat pour la défense de l’illustration de l’histoire africaine vont de pair.

« C’est ce double combat qui est susceptible de donner à l’identité africaine une conscience historique rénovée et porteuse d’espoir. Il a contribué à la désaliénation de l’histoire, de sa prise en compte du patrimoine culturel, et des dynamiques internes du continent », s’est-il réjoui.

D’après lui, l’histoire générale de l’Afrique est une œuvre de science et de conscience. Elle est portée par l’idéal panafricaniste et l’engagement à promouvoir l’unité politique du continent.

Pour lui, cette posture a donné une impulsion et une orientation rénovée dans la production historienne en Afrique.

Les grands moments qui ont jalonné l’histoire des sociétés africaines ont été à l’origine de l’ouverture de champ de recherche pour les intellectuels des premières années d’indépendance.

L’évaluation de la contribution de l’Afrique dans la marche de l’humanité

Dans la même dynamique, le Pr Rokhaya Fall considère que le doyen Amadou Mahtar Mbow, membre fondateur de l’association des professeurs d’histoire et de géographie en 1961 et ancien de ministre de l’éducation a participé à toutes les étapes du processus enclenché depuis 1967.

Pour elle, de l’élaboration du document et de l’établissement des programmes à leur validation, Mbow a été de toutes les différentes équipes dont le travail a abouti à la publication des premiers manuels d’histoire à l’usage des élèves de l’enseignement du secondaire des pays africains et malgache d’expression française.

Le Pr Fall pense que l’œuvre qu’est l’histoire générale de l’Afrique définie par le patriarche Mbow comme une entreprise de décolonisation de l’histoire africaine a permis une meilleure évaluation de la contribution de l’Afrique dans la marche de l’humanité.

Pour elle, ce travail intellectuel a éclairé d’un jour nouveau la trame d’évolution des sociétés africaines en leur rendant une dignité qui semblait leur avoir échappée. Une œuvre unique de libération des esprits et des cœurs donc des préjugés sur les Africains après le siècle de traite négrière et de colonisation.

« L’histoire générale de l’Afrique a eu un impact positif. Grace à ses huit volumes, l’Afrique fut reconnue comme ayant été non seulement le berceau de l’humanité mais le continent où s’est déroulée la première grande révolution technologique mais encore le continent où s’est développée la première civilisation de l’Égypte ancienne ».

Avec ses huit volumes, poursuit-elle, « on peut dire que dans la marche de l’humanité il fut établi à partir de ce moment que l’Afrique a largement apporté sa contribution ».

Dans la même veine, le Pr Boubacar Barry comme Boubacar Diop estiment que Amadou Mahtar Mbow et ses pairs comme Joseph Ki-Zerbo, Abdoulaye Ly, entre autres, ont balisé l’histoire de l’Afrique.

Pour eux, l’histoire générale de l’Afrique est une œuvre militante qui consolide l’unicité du continent.

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