Afrique de l'Ouest: Les capacités managériales du secteur bancaire de l'UEMOA renforcées sur les enjeux de la digitalisation

25 Mai 2021

L'édition 2021 du programme conjoint COFEB-HEC Paris de renforcement des capacités managériales des dirigeants du secteur bancaire et financier est lancé ce mardi 25 mai. Ce programme s'inscrit dans le cadre de l'accompagnement que la Banque Centrale des Etas de l'Afrique de l'Ouest (Bceao) a jugé opportun d'apporter aux acteurs de cet écosystème, en particulier dans le contexte de la crise sanitaire de la COVID-19 qui se prolonge.

« Enjeux de la stratégie digitale pour les banques africaines ». C'est le thème de autour duquel le Centre ouest africain de formation et d'études bancaires, centre de formation de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Bceao) et HEC Paris ont procédé au lancement officiel des Parcours certifiants 2021 à l'intention des banques et cadres des secteurs bancaire et financier.

Lors de la cérémonie virtuelle tenue ce mardi 25 mai, le Gouverneur de la BCEAO, M. Tiémoko Meyliet Koné de rappeler que  pour cette présente édition, il a été décidé de mettre l'accent sur les nouveaux enjeux stratégiques liés aux mutations du système bancaire et financier.

Au rang de ces défis, souligne-t-il, figure la transformation digitale qui ouvre à nos populations l'accès à des services financiers mieux adaptés à leurs besoins et surtout moins coûteux.

Ainsi, pendant deux tours d'horloge, spécialistes et acteurs du secteur bancaire et financier ont approfondi leurs échanges sur ces problématiques, de mesurer pleinement la transformation digitale que vit le secteur bancaire et financier, mais également, de réfléchir aux enjeux et de formuler des recommandations pour aller de l'avant.

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C'est dans cette dynamique que le Gouverneur de la BCEAO se réjouit de l'agrément accordé en 2019 à la première banque 100% digitale de l'UEMOA.

Un établissement qui, selon lui, met à la disposition de ses clients, via la téléphonie mobile, des services de paiement, d'épargne, ainsi que des crédits à la consommation et des prêts immobiliers.

M. Koné assure que la BCEAO est consciente de l'avancée irréversible du processus de la digitalisation et de son impact sur le développement du secteur financier et la croissance de nos économies.

D'après lui, cette conviction a largement orienté certaines initiatives prises au cours des dernières années.

Un taux d'inclusion financière porté de 22% en 2010 à près de 63% en 2020 dans l'UEMOA

L'apport de la digitalisation continue de se préciser sur le secteur bancaire. Un état de fait qui est la résultante de mesures prise au niveau communautaire.

Au plan institutionnel, souligne M. Koné, les Instances habilitées de l'UEMOA ont adopté en 2016, sur proposition de la BCEAO, une Stratégie Régionale d'Inclusion Financière.

A l'en croire, le troisième Axe de cette stratégie, consacré à la promotion des innovations favorables à l'inclusion financière, met l'accent sur la généralisation de l'offre de services financiers digitaux comme moyen de parvenir à l'accès universel.

Pour relever ce défi, estime le patron de la BCEAO, le système bancaire de l'Union est appelé à développer des partenariats avec les entreprises de FinTech, tout en veillant à la protection des consommateurs, à la qualité des services et à la sécurité des transactions.

Il fait croire que c'est dans cet esprit que la BCEAO a créé récemment un Comité interne dédié aux Fintech.

Sur le  plan réglementaire, confie-t-il, il a été édicté déjà en 2015, une instruction qui élargit les privilèges d'émission et de gestion de la monnaie électronique dans les pays membres de l'UEMOA à des acteurs non bancaires créés et agréés à cet effet.

Pour lui, cette activité était jusque-là réservée exclusivement aux seules banques. Avant de souligner, qu'à la faveur de ces mesures, « le taux d'inclusion financière dans notre Union est passé de 22% en 2010 à près de 63% en 2020 ».

A son avis, cette forte progression est imputable à la digitalisation des services financiers, notamment par le biais de la téléphonie mobile.

Le Gouverneur de la BCEAO révèle qu'une revue récente des résultats obtenus montre que cinq pays de l'Union rejoignent aujourd'hui le peloton de tête des pays africains affichant les plus forts taux d'inclusion financière.

Il s'agit de la Côte d'Ivoire (82,5%), du Togo (80,9%), du Bénin (78,8%) du Sénégal (73,9%) et du Burkina (70,9%).

Selon les informations à la disposition des autorités bancaires, le gouverneur de la BCEAO, dans une démarche comparative, note que ces taux se situeraient à 83% pour le Kenya, à 65% pour la Tanzanie et à 60% pour le Nigeria.

« Ces résultats sont à l'évidence un encouragement pour continuer à œuvrer au renforcement du cadre réglementaire pour une meilleure gestion des risques résultant de la digitalisation ».

Et d'ajouter qu'«il s'agira par conséquent d'approfondir la réflexion en faveur d'une supervision efficace des établissements de crédit en recourant aux technologies appropriées ».

Au niveau de l'architecture des paiements, ajoute M. Koné, la BCEAO a mené, au cours des dernières années, une modernisation des moyens de paiement électroniques et la promotion de l'accès aux services financiers.

Plus récemment, souligne-t-il, elle a lancé en 2017 le projet d'interopérabilité des services financiers numériques afin de doter notre zone d'une plate-forme de paiements digitaux permettant des échanges sécurisés de compte à compte, entre tous les acteurs de l'écosystème financier.

A l'en croire, l'objectif recherché est, à terme, de basculer vers une digitalisation intégrale des opérations de paiement au sein de l'Union.

Renforcer les capacités managériales du secteur bancaire

Enfin, concernant le volet formation et information,le gouverneur de la BCEAO liste leurs actions qui ont visé principalement deux cibles.

Il considère que la première cible qui concerne les utilisateurs des services financiers est de loin la plus sensible et la plus complexe dans notre zone et ailleurs, au regard du faible niveau d'alphabétisation et d'éducation financière d'une frange importante de la population.

Pour y répondre, poursuit-il, nous avons conçu avec certains partenaires, un vaste programme d'éducation financière qui sera incessamment développé dans tous les Etats de l'Union.

Dans ce cadre, ajoute M. Koné, « nous n'avons pas oublié les administrations publiques en tant qu'utilisateurs des services financiers. A leur attention, un guide a été publié en 2021 pour les assister dans la digitalisation de leur processus de paiement ».

Pour ce qui concerne les fournisseurs de services, le gouverneur de la BCEAO pense que les régulateurs et les superviseurs, la meilleure approche de formation et d'information leur semble être ce qui est partagé lors de la présente réunion, à savoir les rencontres d'échange et les formations ciblées.

Il souligne que l'édition 2021 du programme conjoint COFEB-HEC Paris qui vise à renforcer les capacités managériales du secteur bancaire s'inscrit dans cette perspective.

Et d'ajouter que c'est aussi dans cet esprit que le COFEB a diversifié sa politique d'accompagnement du secteur bancaire en organisant des actions de formation sur les thématiques de la digitalisation.

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