Le titre de l'événement sonne comme une énigme à décrypter, une charade à résoudre. Et il faut avouer que jusqu'à la fin de la visite, je n'ai su en trouver la clé. Mais peut-être que Yasmine Ben Khelil souhaitait justement, à la manière des surréalistes, que cela demeure inexpliqué, et que l'on se contente de la sonorité des mots.
En fait, Yasmine s'est inspirée, pour son exposition-installation, d'un artiste qu'elle n'a pas eu le temps de connaître : Ammar Farhat dont un vieux film retraçait le travail en présentant son atelier. C'est en partant de la thématique de l'atelier qu'elle a construit son propos. Cette thématique semble d'ailleurs adoptée comme démarche par le B7L9 pour présenter les artistes qu'il invite. Tous deux ont raison, en fait, car c'est là que tout commence. C'est dans l'atelier de Yasmine Ben Khelil que l'on découvre son aire de travail et celle de repos, ses instruments et ses inspirations, ses échappées et ses obsessions. Car Ammar Farhat n'est pas la seule de ses obsessions. Il y a aussi la voix de ce poète inconnu qui résonne en elle, ce Salah Farhat, destourien de la première heure, dont les talents de poésie n'étaient connus que d'un petit cénacle. En lui, elle retrouve tout ce l'interpelle et la préoccupe : comment saisir le temps présent sans le fixer, donner une forme au mouvement du monde, donner une âme aux formes incomprise... Par-delà le temps, Yasmine, jeune artiste et vieille âme, se fait l'écho de ces artistes disparus, de ces voix quelquefois oubliées. D'eux, de leur trace, elle tire la seule conclusion qui lui semble possible : « Rien dans le monde n'est immuable, tout est mouvant, incertain».
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