Proposer des mesures alternatives aux personnes qui sont dépendantes au tabac, à l’alcool, au sucre, à la drogue, entre autres substances qui sont à l’origine de maladies devenues des problèmes de santé publique qui font des ravages en Afrique. C’est l’indication faite par des spécialistes qui ont pris part au wébinaire organisé ce jeudi 20 janvier par Integra Africa en collaboration avec Philip Morris International (PMI) sur le thème : « La réduction des risques en tant que stratégie gagnant en Afrique ».
La réduction des risques semble être la voie du salut pour contrecarrer les conséquences causées par des phénomènes comme le tabagisme, l’alcoolisme, l’obésité, la drogue… qui sont à l’origine des maladies devenues des problèmes de santé publique à l’image du cancer, du diabète et autres maladies non transmissibles.
L’idée est défendue par les spécialistes qui ont animé dans la matinée de ce jeudi 20 janvier 2022, le panel virtuel sur « La réduction des risques en tant que stratégie gagnante en Afrique » organisé par Integra Africa en collaboration avec PMI.
Selon eux l’expérience a montré que les mesures trop restrictives ne sont plus efficaces face à des problèmes de santé mais qu’il faut plutôt développer des stratégies qui encouragent l’implication des patients souffrant d’addictions ou des personnes concernées, d’où la nécessité de mettre en avant des stratégies de réduction des risques.
S’inspirant du contexte actuel, le Dr Imane Kendili, spécialiste marocaine de la toxicomanie et du comportement estime que les mesures de réduction des risques en tant que politique de santé ont été le flambeau dans la lutte contre le COVID-19, ce qui, à son avis, démontre que la meilleure démarche est d’avoir un comportement optimal qui consiste à se concentrer sur l’humain en lui donnant des responsabilités dans le processus.
Pour Dr Kendili, la politique de réduction des risques est inhérente au civisme et c’est un concept à élargir à tous les secteurs. Au Maroc, fait-elle savoir, la prévention des risques est adoptée dans d’autres domaines tels que l’économie ou l’environnement. « Ce n’est pas un concept valable pour l’addiction uniquement. Il faut élargir le champ pour penser à tous les domaines de la vie et l’adapter aux défis actuels ».
C’est sur cette lancée que le M. Moussa Diallo Professeur en dermatologie á l'hôpital Aristide Le Dantec de Dakar a orienté la même démarche face au phénomène mondial de la dépigmentation artificielle qui touche beaucoup de pays africains.
Selon lui, après plusieurs années, il est constaté que la lutte préventive n’a pas eu les effets escomptés. D’où la nécessité d’aller vers la promotion des produits alternatifs qui sont moins nocifs.
D’après Pr. Diallo, il faut une approche préventive pour encourager à la cessation les personnes qui s’adonnent à la dépigmentation avec des campagnes de sensibilisation impliquant associations et groupes vulnérables. Sur le sujet précis de la dépigmentation artificielle, M. Diallo pense qu’il faut d’abord mener le combat sur le plan identitaire.
Prenant le cas du tabac, le Pr David Khayat, oncologue français et Chef de service d'oncologie médicale à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, prône des mesures alternatives qui peuvent jouer un rôle contre la nocivité pour les personnes dépendantes. C’est la même logique pour la méthadone, le préservatif, les substituts à la nicotine, généralement prescrits aux personnes qui veulent sortir de l’ornière.
Si l’utilisation de produits alternatifs est encouragée, les spécialistes, à l’unanimité ont mis en avant le défi de leur disponibilité pour les « patients » africains.
Si les produits alternatifs sur la dépigmentation artificielle existent au Sénégal, ils sont vendus beaucoup plus chers que dans les pays développés. Ce qui, selon le Pr Diallo, constitue un facteur de non adhésion aux produits alternatifs.
Devant cet état de fait, le sud-africain Dr Kgosi Letlape, Président de l’Association Médicale Africaine prenant part aux échanges, estime que les dirigeants africains doivent arrêter le suivisme et développer des stratégies spécifiquement africaines en matière de politique de santé.
D’après lui, les autorités doivent s’engager avec les industriels pour changer la donne en rendant accessible les produits moins nocifs et développer une chaine de valeur pour créer des emplois.
Même son de cloche pour messieurs Joseph Magero, président de Campaign for Safer Alternatives (CASA) et Harry Shapiro, Directeur de DrugWise, un service d'information en ligne sur les médicaments, l’alcool et le tabac et rédacteur en chef de DS Daily - qui soutiennent qu’il y a une multitude d’avantages dans l’application de la réduction des risques mais il faudrait que la communauté médicale l’accepte, la maitrise avant de l’adopter dans sa démarche.
Selon eux, cela permettrait de mieux résister aux campagnes contre l’approche de la réduction des risques qui pour des enjeux souvent purement mercantiles, ne cesse de grandir.