Burkina Faso: Retards et absences dans l'administration publique - Damiba doit secouer le cocotier

Le président Paul-Henri Sandaogo Damiba, c'est connu, a annoncé, au cours de sa prestation de serment, sa volonté de lutter contre la corruption et la politisation de l'Administration publique.

Toute chose que bien des Burkinabè ont appréciée à sa juste valeur surtout quand on sait que notre Administration publique est truffée d'affairistes et de filoux de tous poils, qui ne jurent que par l'argent. J'en connais même qui se vantent d'avoir eu seulement deux ans de services, pour construire un R+1 ou 2 et rouler carosse. Alors qu'en vérité, on sait comment certains ont pu faire ces réalisations.

C'est pourquoi, plus qu'une simple annonce, je souhaite que Damiba aille jusqu'au bout de sa logique pour que chaque agent public connaisse sa place. Mais avant d'entamer le combat, ô combien difficile, contre la corruption et la dépolitisation de l'Administration, Paul-Henri Sandaogo Damiba se doit de lutter contre une pratique qui a la peau dure dans notre pays. Il s'agit, en effet, des retards et des absences dans les services publics.

Le phénomène a tellement pris de l'ampleur qu'il est en passe de devenir la règle. Par endroits, on a finalement l'impression que la ponctualité et la régularité au service, passent pour être des délits dans notre pays ; tant ceux qui s'y adonnent sont parfois moqués et ridiculisés. Ce n'est pas moi qui le dis. Les faits parlent d'eux-mêmes. Il suffit de faire un saut dans certains services pour s'en convaincre.

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Les agents les plus sérieux arrivent au bureau entre 9h et 10h. Quant aux inconscients, eux, ils ne viennent même pas au boulot ou n'y viennent juste que pour faire acte de présence et hop ! On disparaît. Ils passent leur temps dans les maquis ou kiosques PMU'B. Tant pis donc pour les usagers qui, parfois pour un document qu'ils pouvaient obtenir en 20 minutes, sont obligés d'user leurs semelles à longueur de semaines et de mois.

Je pense qu'il y a lieu d'instaurer des contrôles de routine

Certains, faut-il le rappeler, quittent même les provinces pour certaines urgences administratives mais sont obligés de repartir insatisfaits pour la bonne raison que celui qui est chargé de faire le travail, n'est pas là. Dans quel pays, sommes-nous ? En tout cas, j'ai applaudi à tout rompre, lorsqu'en fin février dernier, j'ai appris que l'Autorité supérieure de contrôle d'Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC), sur instruction des nouvelles autorités, a effectué des contrôles inopinés dans certains ministères de la place à l'effet de vérifier la ponctualité des travailleurs.

Pour l'instant, je n'ai pas encore connaissance du contenu du rapport de cette mission, mais connaissant les mauvais comportements dont font montre les agents publics, je ne serai personnellement pas surpris que beaucoup d'entre eux aient été épinglés. C'est pourquoi je pense qu'il y a lieu d'instaurer des contrôles de routine afin de débusquer tous ceux qui se croient tout permis au point qu'ils n'hésitent même pas à défier leur supérieur hiérarchique en ces termes : " La Fonction publique, ce n'est le champ de personne ". Pendant ce temps, beaucoup de jeunes diplômés sont au chômage et ne demandent qu'à travailler.

Moi, je veux que Damiba montre à ces gens-là que la Fonction publique est loin d'être un haut lieu de la pagaille et de la fainéantise. En fait, ce qui me fait mal, c'est que ces mêmes gens qui trichent avec le travail, sont celles-là qui, quand il y a une mission, sont les premières à mettre leur nom sur la liste parce qu'elles savent qu'en fin de compte, il y a de l'argent à prendre. Voyez-vous ? On ne peut pas vouloir d'une chose et son contraire. Pour cela, il faut que Damiba secoue le cocotier.

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