Ethiopie: Des ex-militaires éthiopiens font la queue devant l'ambassade de Russie

(Photo d'archives) - Forces spéciales et milices de l'armée éthiopienne combattant dans la région Afar.

Ils espèrent être recrutés pour combattre pour Moscou en Ukraine. Mais l'ambassade affirme qu'elle ne recrute pas de combattants étrangers.

À Addis-Abeba, des centaines d'Éthiopiens font la queue depuis plusieurs jours devant l'ambassade de Russie. Selon certaines sources, ils espèrent aller combattre en Ukraine. Mais ces allégations ont été balayées du revers de la main par l'ambassade, qui affirme au contraire que les Éthiopiens ne sont là que pour exprimer leur solidarité.

Selon des témoins, l'ambassade n'a pas fait entrer les candidats dans l'enceinte de son bâtiment, mais des membres de son personnel sont sortis pour récupérer des dossiers.

Feleke Gebrekidan fait partie des Éthiopiens qui ont passé de longues heures à attendre devant l'ambassade. Il a une expérience militaire, dit-il, ayant servi dans l'armée éthiopienne pendant plus de dix ans.

Selon lui, les recrues potentielles sont d'anciens membres de l'armée éthiopienne, qui n'ont pas d'emploi pour le moment. Ayant entendu dire que l'ambassade de Russie recrutait actuellement, il a déclaré que lui et d'autres étaient venus avec leurs références.

Feleke a avoué qu'il était à l'entrée de l'ambassade depuis trois jours mais qu'il n'a pas réussi à y entrer. Il ne compte pas abandonner et promet plutôt de réessayer.

"Très triste"

L'engouement des ex-soldats n'est pas du goût de tous.

"Pourquoi me battrais-je au nom d'une nation étrangère ?", s'interroge Tewodros Sime, un Éthiopien qui vit à proximité de l'ambassade de Russie à Addis-Abeba. "J'étais tellement en colère lorsque les gens ont afflué pour s'inscrire à l'ambassade. Beaucoup ne s'étaient pas présentés lorsque le ministère éthiopien de la Défense appelait les hommes à rejoindre notre armée. Ils s'inclinent maintenant devant les Russes et j'en suis très triste", ajoute-t-il.

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Certains sont désespérés de trouver un emploi, même si cet emploi pourrait les conduire à la mort dans un pays étranger. Mais ce n'est pas le cas de tous: la plupart des Éthiopiens considèrent la Russie comme une nation amie. Dans les années 1980, l'Éthiopie était sous domination communiste et des milliers de militaires éthiopiens ont été formés dans ce qui était alors l'Union soviétique.

Maria Chernukhina, attachée de presse de l'ambassade de Russie à Addis-Abeba, s'est entretenue avec la VOA. Tout en reconnaissant que certains de ceux qui font la queue devant l'ambassade viennent avec des dossiers, elle rejette toutefois l'idée d'un effort de recrutement. Pour elle, il faut plutôt y voir leur propre volonté et leurs espoirs. Recruter des combattants éventuels dans un pays étranger n'est pas du ressort de l'ambassade, précise-t-elle.

Contactée par la VOA, l'ambassade d'Ukraine à Addis-Abeba a refusé de s'exprimer sur ces files d'attente. Le ministère éthiopien des Affaires étrangères n'a pas répondu à une demande de commentaire.

Une correspondance de Gelmo Dawit, traduite et adaptée de l'anglais. Lire l'original >>

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