Tunisie: Une exposition calligraphique à Tunis qui célèbre l'inscription de la calligraphie arabe au patrimoine mondial de l'Unesco

Tunis — Des œuvres alliant le style classique et contemporain de la calligraphie arabe sont visibles, du 22 au 30 avril 2022, dans l'exposition " La calligraphie arabe est une mémoire vivante " qu'abrite la cité de la culture, Chedly Klibi à Tunis.

Cet évènement célèbre l'inscription de la " calligraphie arabe : compétences, savoirs et pratiques" sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. Annoncée fin 2021, l'inscription est le fruit d'une candidature arabe commune déposée en 2020 par 16 pays (Algérie, Arabie Saoudite, Bahreïn, Égypte, Émirats arabes unis, Iraq, Jordanie, Koweït, Liban, Mauritanie, Maroc, Oman, Palestine, Soudan, Tunisie et Yémen).

L'exposition dont le vernissage a eu lieu, vendredi soir, est organisée par l'Institut national du patrimoine (INP) en partenariat avec le Théâtre de l'opéra de Tunis, dans le cadre du mois du patrimoine, célébré du 18 avril au 18 mai de chaque année.

Au cours d'une cérémonie tenue en présence de la ministre des Affaires culturelles, Hayet Guermazi, un hommage été rendu à une pléiade d'artistes et calligraphes tunisiens dont Nja Mahdaoui, Omar Jomni, Zouhour Arfaoui, Samir Ben Gouia, Slim Al Elmi, Samia Belkhoja, Souha Gmati et Tarek Abid.

Nja Mahdaoui a largement contribué dans l'organisation de cette exposition. Ce pionnier qui a vu naître le premier noyau d'une action culturelle nationale est reconnu auprès du gotha du milieu artistique mondial. Ses oeuvres sont exposées dans les plus grands musées et galeries d'art dans le monde, à New York, Londres, Paris ou Dubaï.

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Le rôle des calligraphes et des artistes plasticiens en général dans la préservation de la calligraphie arabe et sa valorisation a été au centre de l'allocution de la ministre qui a rappelé les aspects esthétiques et la dimension sociale et humaine d'un héritage commun aux pays de la région et un élément de l'identité nationale.

La ministre a mis en avant l'héritage national en matière de calligraphie et d'anciens manuscrits qui constituent l'une des grandes collections conservées dans les pays méditerranéens.

Elle a également souligné que la Tunisie abrite l'une des plus anciennes bibliothèques arabes dont celle de la grande mosquée de Kairouan, érigée avec l'avènement de l'Islam en Afrique du Nord. Une copie du Coran, probablement la plus ancienne et la plus célèbre, est bien conservée dans cet édifice connu sous l'appellation de mosquée Okba Ibn Nafaa, au nom du fondateur de Kairouan, une ville inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1988.

Le 16e Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, tenu en ligne du 13 au 18 décembre 2021, avait décidé d'inscrire les arts de la calligraphie arabe : compétences, savoirs et pratiques" sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité. La candidature arabe a été faite dans le cadre d'une action arabe menée par le Royaume d'Arabie Saoudite et supervisée par l'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et la Science (Alecso) dont le siège est à Tunis.

Récemment, la Délégation de Tunisie à l'UNESCO et à l'OIF dont le siège est basé à Paris a annoncé la fin des procédures d'inscription du dossier tunisien de la Calligraphie arabe auprès du Centre du patrimoine mondial par la réception du document officiel attestant l'inscription, en 2021, de la Tunisie, -avec 15 autres pays arabes-, sur la liste représentative de l'Unesco.

Le dossier tunisien présente l'école tunisienne de la calligraphie, notamment la calligraphie Kairouanaise. L'inventaire national du patrimoine immatériel sur " la calligraphie arabe : savoir-faire, savoirs et pratiques" présente la calligraphie comme étant un trait culturel commun qui " est répartie sur l'ensemble du territoire tunisien. Elle couvre la trame des villes, villages, centres urbains et ruraux, aussi bien anciens que nouveaux ".

" Trait majeur de la culture arabo-musulmane, la calligraphie s'est affirmée comme un socle identitaire et une pratique complexe où se côtoient, sinon se croisent, l'art, le sacré et les médiations philosophiques au sein de la société avec sa mémoire, ses valeurs et les tendances qui la marquent, selon les époques. ", lit-on dans la description détaillée de cet élément du patrimoine immatériel.

Concernant le volet historique, le document rappelle que les multiples hypothèses des historiens sur l'origine de l'écriture arabe dont " la plus probable est l'origine nabatéenne dérivée de la cursive araméenne et qui prend ses sources dans l'alphabet phénicien. Par ailleurs, c'est à partir de la transcription du livre sacré, inauguré par le calife Omar (634-644) et continué par le 3ecalife Othman ibn Affan que nous pourrons parler de calligraphie".

Selon le même document, "la calligraphie pratiquée en Tunisie fait partie intégrante de la calligraphie arabe en général, et celle du Maghreb en particulier. Si sa genèse s'inscrit dans le contexte de la conquête arabo-musulmane du Maghreb, elle a vite évolué, notamment après la fondation de Kairouan, en 670, qui devient la capitale de l'Etat aghlabite et le centre scientifique et culturel de tout le nord de l'Afrique, ce qui a donné naissance à la calligraphie kairouanaise inspirée de Koufa et son dérivé le coufique ou le kairouanais fleuri ".

"La calligraphie arabe désigne la pratique artistique consistant à retranscrire l'écriture arabe manuscrite avec fluidité, afin d'exprimer harmonie, grâce et beauté", peut-on lire sur le site de l'Unesco. L'organisation onusienne indique une pratique qui peut être transmise tant par l'éducation formelle et informelle.

La calligraphie arabe utilise les vingt-huit lettres de l'alphabet arabe, rédigé en écriture cursive de droite à gauche. Largement répandu dans les pays arabes, cet art arabo-islamique est caractérisé par la fluidité de l'écriture qui offre des possibilités infinies dans l'usage des lettres, dans les œuvres traditionnelles aussi bien modernes.

Traditionnellement, les tiges de roseau et de bambou forment les techniques d'écriture le plus souvent en usage sur du papier qui est fabriqué à la main et enduit d'amidon, de blanc d'œuf et d'alun. Ces matériaux naturels constituent des outils d'écriture avec de l'encre, fabriqué à partir d'ingrédients tels que le miel, la suie et le safran.

La calligraphie moderne utilise fréquemment des marqueurs et des peintures synthétiques et de la peinture en bombe spray est utilisée pour les calligraffiti peints sur les murs, les panneaux et les bâtiments. Les artisans et les designers ont recours à la calligraphie arabe pour réaliser des ornementations artistiques, par exemple sur le marbre, les sculptures sur bois, la broderie et la gravure sur métal.

Selon l'organisation onusienne, " l'inscription d'un élément au patrimoine immatériel de l'Unesco permettra de protéger l'héritage culturel dans plusieurs régions du monde contre la disparition. Tradidionnel, contemporain et vivant à la fois, le patrimoine culturel immatériel ne comprend pas seulement les traditions héritées du passé mais aussi les pratiques rurales et urbaines contemporaines, propres à divers groupes. "

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