Centrafrique: L'adoption du bitcoin jugée précipitée par certains

Bitcoin

La Centrafrique est devenu le premier Etat africain à autoriser la crypto-monnaie. Mais tout le pays n'est pas prêt pour cette innovation.

La Centrafrique a choisi le bitcoin comme monnaie ayant cours légal dans le pays, au côté du franc CFA. La loi a été adoptée "par proclamation" ce mercredi (27.04) par l'Assemblée nationale centrafricaine et promulguée par le président Faustin Archange Touadera.

Selon cette loi, "tout agent économique est tenu d'accepter les crypto-monnaies comme forme de paiement lorsqu'elles sont proposées et de disposer d'une convertibilité automatique et instantanée des crypto-monnaies utilisées en République centrafricaine."

Facilité de paiement selon le gouvernement

Justin Gourna Zacko, ministre de l'Economie numérique, met en avant les acquis de cette loi :

"Avec la crypto-monnaie, il n'y a plus de contrôle de la Banque centrale. Vous avez votre argent, vous l'envoyez à un investisseur pour une entreprise, vous le recevez dans n'importe quelle monnaie, vous pouvez en disposer en dollar, en euro, en franc CFA, ou en naira."

La députée Rachelle Ngakola n'est pas d'accord avec cette loi. Selon elle "on leur a demandé de s'entourer de toutes les garanties avant de prendre une telle loi. Les gens sont tellement pressés, alors ils vont aller vite en besogne et j'ai préféré ne pas cautionner cela."

"Cette loi sur les crypto-monnaies adoptée (... ) dans la précipitation et dans l'opacité, est une loi radicalement contraire à la souveraineté nationale, à la liberté et l'intérêt des Centrafricains", note dans un communiqué Akandji Kombé au nom de Citoyens debout et solidaires Centrafrique.

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Convaincre la population

Le gouvernement doit cependant convaincre la population de l'importance de ce produit. Car la population a une perception différente de celle du gouvernement. "Dans un pays dont la population n'a pas accès au réseau, parler de la monnaie numérique comme la crypto-monnaie c'est de la blague", estime cet habitant.

Un autre Centrafricain estime que "c'est aussi un moyen pour le pays de contourner certaines difficultés liées aux transactions bancaires. Le pays qui aujourd'hui a diversifié sa relation diplomatique pourra trouver d'autres bailleurs qui pourront l'appuyer sur le plan économique."

Le gouvernement projette une vaste campagne de sensibilisation de la population sur cette loi. Mais les acteurs économiques redoutent une hausse du blanchiment d'argent, déjà largement impuni dans le pays en dépit des efforts de l'Agence nationale d'investigation financière.

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