Burkina Faso: 100 jours de Damiba - une Refondation à pas lents, mais fermes

Le message du président du Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba à l'occasion de la journée mondiale de la liberté de la Presse

Le Burkina Faso jouit d'une bonne réputation en termes de diplomatie.

Le dimanche 23 janvier 2022, les Burkinabè se sont réveillés au son des crépitements d'armes lourdes. Vingt-quatre heures après, le régime de Roch Marc Christian Kaboré tombait sous l'effet de ce qui allait être la huitième intrusion des Forces armées nationales dans les affaires de l'Etat. Autrement par un coup d'Etat militaire conduit par de jeunes officiers dont les plus gradés sont des lieutenants colonels et fait de hasard, tous de la même promotion.

Le leader de ce groupe d'officiers, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, a la réputation de soldat qui n'hésite pas à monter sur le théâtre des opérations avec ses hommes. Si le grand public ne le connait pas vraiment, les bidasses eux connaissent sa capacité. Commandant de la troisième région militaire, la plus vaste entité militaire du Burkina, le lieutenant-colonel Damiba s'impose comme le onzième chef d'Etat du pays et dirige la nouvelle instance, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la refondation (MPSR). Passé le temps des questionnements, les Burkinabè qui n'ont pas vraiment été surpris par cette intrusion militaire seront servis.

L'objectif premier étant le retour à la normalité sécuritaire. En d'autres termes, la restauration de la sécurité dans un pays qui, depuis sept ans subit les affres des terroristes avec comme conséquence immédiate, le chiffre record de près de deux millions de personnes déplacées internes dans leurs propres pays. Et tutti quanti. Les nouvelles autorités du pays avec le MPSR se sont employées à appliquer la maxime militaire des cadences qui accompagnent leurs marches selon le corps d'origine.

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Le pas lent ou bloqué des unités spéciales et d'élite qui symbolise le courage, la détermination, l'engagement à ne rien lâcher jusqu'à la victoire finale. Pendant deux mois, le silence radio entrecoupé par des actes forts tels que la prestation de serment, remise du collier de grand commandeur qui fonde à la fois la légitimité et la légalité des nouvelles autorités du pays. Ainsi ceux qui ont pris les deux mois de silence comme la marque de l'hésitation ou de l'impréparation auront vite compris que rien ne se fait au hasard dans la gouvernance issue du MPSR.

Suivra une rencontre des forces vives de la Nation pour ajuster les grandes lignes de la gouvernance. Avec en prime, la formation du gouvernement de 25 membres. En vérité, une prouesse dans ce pays où les gouvernements comptaient au bas mot, une trentaine de membres. Puis l'installation de l'Assemblée législative de Transition. Tout se passe comme sur du papier à musique gammée sur des notes qui embellissent une symphonie.

Cent jours après l'arrivée au pouvoir du MPSR, il est tôt, trop tôt pour tirer un bilan global. Mais pour ce qui a été donné de voir, il y a bien un changement radical dans la gouvernance. Les autorités savent que la question sécuritaire demeure la seule préoccupation des Burkinabè puisqu'elle engendre à la fois les questions de sécurité alimentaire et de gouvernance.

Le sachant, des mesures " radicales " mises en place devront connaître le premier regard dans cinq mois à partir d'avril dernier. Là aussi, il faudra éviter le fétichisme des dates, éviter de penser que ce qui s'est aggravé en sept ans, en six mois, un tour de bras magique pourra ouvrir la boite secrète de la fin des hostilités. Ce qui apparait, c'est que cent jours après, chacun tire son bilan dans un bilan qui laisse envisager une reprise en main par les autorités du pays qui manœuvrent en distillant les différents types de pas lents quand il le faut, bloqués quand le contexte l'exige, mais fermes pour des résultats probants.

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