Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a décidé de revenir dans son adresse hebdomadaire à la nation mardi 3 mai sur les événements du 1er mai. Alors qu'il devait s'adresser devant une petite foule de travailleurs rassemblés dans un stade de Rustenburg, au nord-ouest de Johannesburg, la scène a été envahie par un groupe en colère. Le président, qui a dû quitter les lieux, affirme désormais avoir " entendu " cette colère généralisée au sein du pays.
Ce sont des mineurs en colère et réclamant une hausse de salaire qui ont poussé le président à quitter le stade sous les huées et les sifflets dimanche 1er mai. La Cosatu, la plus grosse centrale syndicale du pays, qui organisait le rassemblement, n'a rien pu faire pour contrôler ses troupes, qui ont mis fin aux discours.
" Cela reflète la perte de confiance dans leurs syndicats, leur fédération, ainsi que dans les dirigeants politiques et les institutions publiques ", a reconnu Cyril Ramaphosa, qui a dédié son message hebdomadaire à l'incident et affirme " comprendre leur frustration ".
Avec un taux de chômage qui a atteint le niveau historique de 35 %, et près de la moitié de la population qui vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale, ces travailleurs ont fait entendre " ce que chaque Sud-Africain sait : que la classe ouvrière et les plus pauvres du pays souffrent ", a déclaré le chef de l'État.
Cette situation a été renforcée par la pandémie de Covid-19, venue affaiblir un peu plus une économie qui émergeait tout juste d'années de corruption au sommet de l'État. Ce mouvement de contestation est en tout cas un nouveau coup dur pour l'ANC, en perte de vitesse, élection après élection.