Tchad: Le silence pesant de la justice tchadienne après un massacre

Une délégation gouvernementale s'est rendue à Sandana après le massacre ayant eu lieu jeudi 10 février 2022.

Après la mort de treize agriculteurs, les familles des victimes dénoncent l'inertie de la justice qui tarde à réagir.

Au Tchad, les avocats des familles des victimes de treize agriculteurs tués par des éleveurs à Sandanan, dans la province du Moyen-Chari au Sud du Tchad, dénoncent l'inertie de la justice dans la procédure engagée contre les présumés auteurs de ces crimes. Malgré le déplacement de membres du gouvernement quelques jours après la tuerie et l'annonce de l'arrestation des présumés auteurs, aucune procédure n'a été enclenchée.

Tout est parti du décès d'un éleveur à la suite d'un accident alors qu'il circulait à moto non loin du village Sandanan, le 9 février dernier. Les membres de sa famille, qui soupçonnent la thèse d'un assassinat, se rendent dans ce village armés de fusils de guerre et ouvrent le feu sur les habitants.

Manifestations

Treize agriculteurs sont tués lors de cette attaque. Un massacre qui a déclenché des manifestations dans plusieurs villes du Sud et dans la capitale tchadienne.

Une plainte est déposée quelques jours plus tard par les avocats des victimes mais elle reste sans suite près de trois mois après le déroulement du drame.

Maître Midaye Guerimbaye est le porte-parole du collectif des avocats de ces victimes :

"La plainte a été déposée, le procureur a communiqué nos plaintes aux officiers de police judiciaire qui ont écouté simplement la partie et le procès-verbal déposé au parquet sans que l'affaire ne soit qualifiée jusqu'à ce jour. Le juge d'instruction qui devrait faire la suite du travail n'est pas encore saisi après près de trois mois, c'est horrible. Non, il faut que l'Etat puisse s'assumer et que cette affaire aille devant la justice. Tout se passe comme si c'était une histoire secrète."

%

Sentiment d'impunité

Mais il y a eu un précédent. En août 2019, au moins sept agricultures, un pasteur et trois éleveurs ont été tués dans des affrontements entre les deux communautés de cette localité. Là encore, aucun procès n'a eu lieu.

Comment dès lors sortir de ces crises entre éleveurs et agriculteurs ? Maître Hissein Ngaro, huissier de justice et natif de la localité en appelle à la responsabilité de l'Etat :

"Ces deux communautés ont toujours vécu en parfaite harmonie. Le conflit est né depuis que les préfets, les sous-préfets et gouverneurs sont devenus aussi des éleveurs. Parce que ces gens, en se prévalant du titre de représentants de l'Etat, recrutent des gens (bouviers) pour garder leurs bœufs, qu'ils arment avec des armes à feu et c'est pourquoi nous sommes arrivés à ces conflits entre agriculteurs et éleveurs."

Ni le procureur de la République ni le procureur général de la ville de Sarh, chef-lieu de la province ou ces crimes se sont produits, n'ont donné suite à nos demandes d'interview sur le sujet.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.