Burkina Faso: Insécurité sur la RN 3 Kaya-Dori - Escale forcée pour une centaine de camions

De nombreux camions-citernes et véhicules d'approvisionnement et de ravitaillement de la mine d'or d'Essakane, province de l'Oudalan, et de la commune de Dori, sont stationnés depuis une dizaine de jours dans la ville de Kaya. La raison : face à la recrudescence des attaques aux engins explosifs improvisés et des retraits de véhicules sur les axes Kaya - Dori et Dori - Essakane par les groupes armés terroristes, les chauffeurs routiers n'entendent pas voyager sans une escorte sécuritaire. Nous y avons fait le constat dans la matinée du mercredi 4 mai 2022.

A la sortie de la ville au secteur n°6 et aux abords de la route nationale n°3 Ouagadougou-Dori qui traverse Kaya, sont stationnés plus d'une centaine de camions-citernes d'essence et de gasoil et de camions remorques et semi-remorques chargés de matériels divers. Dans l'attente de l'arrivée d'une escorte des forces de défense et de sécurité pour les conduire à destination, les conducteurs et apprentis desdits véhicules prennent leur mal en patience. Divisés en petits groupes, ceux-ci échangent dans des kiosques à café et sous l'ombre d'une station d'essence en construction et d'arbustes à proximité de la voie goudronnée ; les plus jeunes d'entre eux jouent aux cartes tout en sirotant le thé. Exerçant majoritairement dans des sociétés de ravitaillement de la mine d'or d'Essakane, quelques leaders des routiers ont accepté de se prêter à nos questions dans l'anonymat, sans prise de vue et de son pour des raisons de sécurité.

%

"En plus d'avoir des problèmes avec nos employeurs, nous risquons d'être des cibles des terroristes si nous sommes identifiés à travers votre reportage ", nous a confié un de nos interlocuteurs. Selon ses explications, les premiers camions sont arrivés à Kaya le 24 avril dernier après le départ dans la matinée d'un convoi de véhicules sous escorte sécuritaire pour Dori et Essakane. " Aux premiers moments de la crise sécuritaire, nos véhicules étaient escortés sur l'axe Dori-Essakane à l'aller comme au retour. Depuis quelques mois, nous ne pouvons plus voyager sur l'axe Kaya-Dori sans une escorte sécuritaire ", a indiqué O.M., chauffeur d'un camion-citerne. Il invite les nouvelles autorités nationales à prendre des mesures urgentes afin de restaurer la sécurité et éviter que l'axe Kaya-Dori connaisse la même situation que l'axe Fada-Pama ; il est impraticable depuis plusieurs mois en raison des actions des groupes armés terroristes. " Le blocus imposé par les individus armés sur l'axe Fada-Pama nous contraint de nos jours à faire un détour par le Togo pour nous rendre au Bénin et revenir au Burkina ", regrette M.O.

Selon A.O. un autre conducteur de camion-citerne rencontré sur les lieux, les conditions de travail et de vie des chauffeurs routiers se sont considérablement dégradées du fait des attaques terroristes. " Nous parcourons de longues distances pour contourner les axes routiers à risque ; nous avons du mal à économiser à cause des nombreuses journées de stationnement ; nous abandonnons nos familles pendant de longues périodes ; nous risquons nos vies en raison des attaques terroristes et des explosions des mines qu'ils posent sur les voies ", a-t-il énuméré comme difficultés.

En attendant une réaction des autorités sécuritaires, les routiers stationnés à Kaya n'ont pas manqué de traduire leur reconnaissance à la population hôte riveraine de la ville pour les actions de bienfaisance à leur égard. Selon les témoignages, de nombreux conducteurs de camions stationnés à Dori attendent depuis plusieurs jours également une escorte de l'armée pour rejoindre Kaya afin de continuer leur voyage de retour. Aux dernières nouvelles, les camions qui étaient stationnés à Kaya ont quitté la ville dans l'après-midi d'hier mercredi 4 mai sous escorte de l'armée pour Dori. Aux dernières nouvelles, un incident à l'engin explosif improvisé s'est produit à l'entrée de Ouanobian, village de la conmune de Pissila, contre le convoi des FDS qui escortait les citernes. Le bilan, encore provisoire, fait état d'un décès et d'un blessé dans les rangs de nos FDS.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.