Burkina Faso: Attaque maison d'arrêt de Nouna - S'ils s'attaquent maintenant aux prisons...

A man in prison.

C'est une nuit de week-end inoubliable qu'ont vécue les populations de la ville de Nouna, du samedi au dimanche 8 mai 2022. Des hommes armés non identifiés (HANI), pour reprendre l'expression consacrée, ont fait parler la poudre de 24 heures à 4 heures du matin.

Les habitants et les quelques gendarmes, policiers et paramilitaires présents, apeurés, se sont calfeutrés dans leurs domiciles, laissant les assaillants aller et venir dans la ville en terrain conquis. Après leur retrait, le bilan est lourd : Des femmes violées, d'énormes dégâts matériels suite aux actes de vandalisme dans les domiciles privés et surtout à la prison où tous les prisonniers, 65 au total, ont été libérés ; un véhicule emporté ; un autre et plusieurs motos brûlés.

Selon le modus operandi, absence de meurtre, d'enlèvement, et de slogans islamistes, il est difficile d'attribuer cette attaque aux vrais-faux-fous d'Allah, en attendant qu'une revendication de l'une des deux nébuleuses, à savoir, l'Etat islamique au grand Sahara (EIGS) ou le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM) qui ont pignon sur les dunes du Sahara ne vienne nous démentir. Au demeurant, les trafiquants en tout genre, les grands bandits, et les groupes terroristes ne sont pas loin d'agir en vases communicants, rendant complexe l'équation de l'insécurité dans les pays du Sahel.

Mais comme le terrorisme a bon dos pour être chargé de tous les maux de la déstabilisation de cette région, s'il porte le chapeau de la forfaiture du week-end dernier qui a martyrisé la ville de Nouna, on dira qu'y est née une jurisprudence. Celle de cibler désormais les pénitenciers pour rendre justice à leur manière à des détenus de droit commun, sinon pour recruter des combattants.

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En effet, jusque-là, les djihadistes ou prétendument tels, avaient en ligne de mire les casernes militaires, les camps de gendarmerie, les commissariats de police, les bureaux des paramilitaires et des services publics comme les mairies, la poste, les antennes de communication et de télécommunication. Si maintenant ils s'attaquent aux prisons, l'équation de l'insécurité se complexifie pour le Burkina.

De quoi donner des insomnies supplémentaires aux nouvelles autorités qui se sont accordé 5 mois, pour compter du 1er avril 2022, pour rétablir la paix dans le pays.

Les 5 mois risquent d'être fort longs, car l'attaque de Nouna est un signe qui ne trompe pas. Elle constitue soit un nouveau front qu'ouvrent ces déstabilisateurs de la République, soit il y a un déplacement ostensible du front des hostilités vers le nord-ouest du pays. Après la région de l'Est en 2019-2020, celles du Nord et du Sahel en 2020-2021 et du Centre-Nord en 2021-2022, c'est la Boucle du Mouhoun avec la dernière attaque qui pourrait devenir l'épicentre de la guerre que nous mènent les terroristes.

Extrapolation hâtive dans l'explication d'un évènement somme toute courant depuis 6 ans maintenant ? Le temps nous édifiera mais dès à présent la sécurité de nos prisons doit être renforcée.

De fait, on ne sait pas si des terroristes étaient enfermés à la prison de Nouna ou bien c'est en libérant ces prisonniers que les assaillants de la ville inaugurent un nouveau mode de recrutement de soldats à leur cause. Si oui, la prison de haute sécurité où il y a des centaines de détenus, djihadistes notoires, doit, ici et maintenant, repenser sa sécurité vu que les évasions ou tentatives d'évasion de prison, le pays en a connu et pas des moindres depuis 2015. La jurisprudence de l'attaque de la prison de Nouna ne doit pas prospérer.

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