Cameroun: Le piège du GICAM dans sa proposition d'augmentation du SMIG

Pour l'édition de 2022, l'annulation de la "célébration" de la fête du travail au Cameroun par le traditionnel défilé a permis que cette "commémoration" tant souhaitée se fasse finalement autour d'une réflexion sur les conditions de travail.

Et on a appris des choses ! Par exemple, on a noté que c'est le patronat qui a demandé l'augmentation du SMIG et des salaires, ce qui a donné l'envie de s'écrier Whaouh !

Mais, attention ! C'était trop beau pour être vrai! Le GICAM a dit en gros que le gouvernement doit suspendre "l'administration des prix" pour favoriser l'augmentation du SMIG et des salaires. C'était un plaidoyer pour la libéralisation des prix actuellement "homologués" par le gouvernement. Cela veut dire quoi en français facile? Cela veut dire que le GICAM entend tout simplement répercuter l'augmentation des charges salariales sur les prix. C'est-à-dire que quoi? C'est-à-dire que c'est le consommateur qui paie l'addition et non le patron.

Indignation!

Il s'agit là d'une perversion de la logique même d'augmentation des salaires. En effet, elle s'appuie sur la croissance économique et incite les patrons à partager avec les travailleurs le fruit de la croissance du travail. En d'autres termes, l'on doit pouvoir augmenter le SMIG et les salaires sans augmenter les prix et donc, sans augmenter le coût de vie. C'est le patron qui doit puiser un peu sur sa trop grande marge pour payer l'addition.

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De quoi s'agit-il ? Il s'agit de ce que certains patrons avaient jusqu'à 300% de marge entre 2009 et 2019 sans jamais faire bénéficier leur employés. Depuis l'arrivée du COVID et de la guerre en Ukraine (chocs externes), les choses ont changé mais, pas dans l'absolu. Les marges ont baissé certes mais, les entreprises sont toujours rentables dans le secteur de l'import-distribution. Il est donc possible d'augmenter les salaires au moins par secteur, sans augmentation des prix des produits et services. C'est d'ailleurs pour cela que le secteur bancaire a déjà consenti à l'augmentation des salaires même si le taux de 5% reste ridicule au regard de la dimension des richesses créées.

Dénonciation

Nous dénonçons ici ces patrons qui ne veulent faire aucun effort pour améliorer les conditions de travail de leurs employés malgré l'augmentation de la croissance économique dans le pays. Nous disons au GICAM qu'il faut augmenter le SMIG et les salaires sans augmenter les prix. Profitant des failles du système, l'on a vu le rythme avec lequel les gens se sont follement enrichis au Cameroun. Il est question de redistribuer un peu.

Problème de vision

En 2018, le contexte était pleinement favorable pour obtenir cette augmentation. Seul un candidat à la présidentielle avait avait eu cette vision et avait porté ce projet. Mais, comme toujours, les Camerounais ont préféré de suivre la logique identitaire. On a donné plus d'importance aux oppositions artificielles Bamilekes-Bulus, Anglophones-Francophones, Nordistes-Sudistes, etc. Ce candidat s'appelle Joshua Osih et il a essuyé nos insultes au moment où il le disait. C'est encore lui qui a porté ce débat dans l'actualité du 1er mai avant la récupération inopportune par le GICAM.

Je dis toujours que nous devons faire attention de nous battre pour obtenir exactement le contraire de ce que nous voulons. S'engouffrer dans l'approche identitaire, c'est abandonner le combat pour l'amélioration de nos conditions de vie. Et soutenir le GICAM dans sa démarche populiste, c'est soutenir la vie chère.

Nous devons maintenant et plus que jamais avoir l'esprit de discernement !

Bonne journée !

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