Madagascar: Une forte détresse psychologique sévit dans les bas-quartiers

Une fillette de cinq ans mange du maïs pour le déjeuner à Madagascar. Sa mère est agricultrice et nourrit sa famille avec ce qu'elle peut produire, malgré la sécheresse et les insectes (photo d'archive).

À Madagascar, l'ONG Action contre la faim (ACF) vient de dévoiler les conclusions d'une grande enquête menée sur la santé mentale de la population vivant dans les bas-quartiers de la capitale. Les résultats montrent qu'un quart des personnes interrogées présentent des signes de détresse et 6 % d'entre elles, des signes de détresse sévère.

Le taux des résultats s'avère être deux fois supérieur à la norme définie par l'Organisation mondiale de la santé en matière de santé mentale en situation de crise.

L'enquête montre également que les causes de ces symptômes dépressifs découlent, en grande majorité, des conditions économiques plus que précaires dans lesquelles vivent ces familles.

Sarobidy 26 ans, deux enfants, bientôt trois, est trop gênée de nous recevoir dans sa minuscule pièce qui lui sert de maison.

Sur le pas de sa porte, cette lavandière le matin et porteuse d'eau l'après-midi se confie: " Economiquement, c'est dur. Il nous arrive des fois de ne rien manger de la journée parce qu'on n'a pas réussi à gagner suffisamment d'argent ce jour-là. Et c'est ce qui fait que je ne me sens pas bien, physiquement et mentalement. Je fais beaucoup de crises d'angoisse, surtout la nuit. Je sens que je suis instable psychologiquement. Je vacille quand je vois ce qu'on fait endurer à nos enfants... et quand je réfléchis à l'avenir. "

Les symptômes de Sarobidy sont les mêmes que ceux décrits par les personnes interrogées par l'enquête.

Outre les difficultés économiques, le rapport révèle que les violences intrafamiliales, liées à la consommation d'alcool ou de drogue, sont la deuxième cause la plus citée entrainant ces détresses psychologiques. Le rapport montre également une forte corrélation entre le niveau de détresse et la vulnérabilité de la personne : les signes de détresse sont plus présents chez les personnes âgées, les femmes enceintes, les chômeurs et les personnes en situation de handicap.

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Mialy Rakotondraina est la responsable du département santé mentale, sociale et psychosociale au sein d'Action contre la faim. Elle a supervisé l'enquête et raconte pourquoi ces données collectées, dans le contexte malgache, sont alarmantes : " Même si on ne parle pas d'une pathologie mentale, ce sont vraiment des détresses psychologiques liées à un mal être. Il est important qu'elles soient prises en compte par l'Etat et par tous les partenaires œuvrant dans la santé mentale et le soutien psychosocial car actuellement, en effet, les services et la considération de tout ce qui a trait à la santé mentale restent très insuffisants, pour ne pas dire inexistants, par rapport aux besoins de la population. "

Pour tenter de combler les manques, un nouveau centre social - piloté par sept partenaires différents dont Action contre la faim - a ouvert ses portes, ce lundi 9 mai, à 3G Hangar, l'un des quartiers les plus pauvres de la capitale, offrant une diversité de services gratuits, allant des consultations en santé, santé mentale, santé sexuelle et reproductive, santé maternelle et infantile, mais aussi de l'aide à la réinsertion économique ou des services administratifs et juridiques.

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