Rwanda: Génocide des Tutsis - Laurent Bucyibaruta apte à être jugé selon la cour

Laurent Bucyibaruta, l'ancien préfet de la province de Gikongoro est accusé d'avoir favorisé l'un des pires massacres du génocide, celui de l'école de Murambi, devenu depuis un mémorial.

Le procès de l'ancien préfet de Gikongoro, accusé de complicité dans le génocide au Rwanda, s'est ouvert ce lundi 9 mai aux assises de Paris. Dès l'ouverture du procès, les avocats de Laurent Bucyibaruta ont plaidé pour son annulation.

" Pourquoi attendre 22 ans pour l'ouverture d'un procès ? ", a demandé dès le début de l'audience l'avocat de Laurent Bucyibaruta. " Ce procès arrive bien trop tard. Les conditions pour un procès équitable ne sont pas réunies ", a plaidé Maître Jean-Marie Biju-Duval, avant d'ajouter que son client âgé de 78 ans n'est plus en état de se défendre - il souffre de cardiopathie et de diabète sévère - et que quatre témoins-clé de la défense sont décédés ces dernières années. L'épouse de l'ancien fonctionnaire - " une Tutsi ", précise la défense - n'est également plus en état de venir témoigner en sa faveur.

Préfet de Gikongoro de 1992 à 1994, Laurent Bucyibaruta est accusé d'avoir encouragé et ordonné des exécutions de Tutsi. Et d'avoir notamment participé activement au massacre de l'école de Murambi, le 21 avril 1994. Réfugié dans l'est de la France depuis 1997, il a été arrêté en 2000. Son procès doit durer deux mois. Il est le plus haut responsable rwandais jamais jugé en France pour des crimes liés au génocide de 1994.

Les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles

Mais la défense insiste qu'être jugé dans un délai raisonnable est un droit fondamental. Elle a donc demandé l'annulation du procès. Les avocats des parties civiles ont aussitôt réagi, arguant qu'un procès équitable est aussi un droit fondamental pour les victimes.

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Les avocats des différentes organisations constituées parties civiles - la Licra, la Ligue des droits de l'homme, Survie ou encore Ibuka - ont rappelé que les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles et peuvent être jugés 15, 20 ans après les faits. Ils ont demandé aux jurés de ne pas perdre de vue la gravité des accusations.

Après plus d'une heure de délibération, les six jurés ont estimé que l'accusé est apte à être jugé et que ce procès tardif ne constituait aucunement une atteinte à ses droits fondamentaux, au grand soulagement d'Alain Gauthier, président du collectif des parties civiles pour le Rwanda.

Nous sommes tout à fait satisfaits. Le procès va pouvoir commencer [...] Nous avons une quarantaine de parties civiles à nos côtés, rescapés ou familles de victimes [...] Ce sera chargé de beaucoup d'émotion [...]

Tout au long de cette première journée d'audience, l'accusé, présent dans la salle, est resté silencieux, assis dans son fauteuil.

Au total la cour a prévu d'auditionner 115 personnes.

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