Congo-Kinshasa: La province de l'Ituri à nouveau endeuillée par la Codeco

Bunia dans la région de l'Ituri de la Province Orientale

Au moins 35 personnes ont été tuées par des miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codéco) dans l'attaque d'une mine d'or artisanale.

L'attaque d'une mine d'or par des miliciens de la Codeco, en Ituri, s'est déroulés deux jours après la date qui marquait la première année de l'état de siège. Cette mesure a donné les pleins pouvoirs aux officiers de l'armée et de la police pour gérer l'administration et mener la guerre contre la centaine de groupes armés qui sévissent dans l'est du pays depuis plus d'un quart de siècle.

"29 corps ont été ramenés à la cité de Pluto, tandis que six corps calcinés ont été enterrés sur place", explique le bourgmestre de la commune rurale de Mungwalu dans le territoire de Djugu, en Ituri.

Alors que les fouilles se poursuivent pour retrouver d'autres corps, car certains ont été placés dans des trous d'orpaillage et d'autres sont toujours portés disparus, le bourgmestre souligne qu'un bébé de quatre mois et une femme figurent parmi les victimes.

"L'Etat doit faire son travail"

Dieudonné Lossa Dekhana est le coordinateur de la société civile en Ituri. Pour lui, aucun mot n'est assez fort pour qualifier cette nouvelle attaque.

"La situation reste très préoccupante. Depuis hier, la population est en débandade, on ne sait plus à quel saint se vouer. Plus de six personnes ont été brûlées dans ce village par les groupes armés. L'Etat congolais qui a le pouvoir d'arrêter les massacres de ses fils et filles, nous l'invitons à faire son travail. L'état de siège c'était justement pour arrêter tout cela. Le nombre de cadavres ne cesse d'augmenter, l'Ituri a besoin d'une grande attention de l'Etat congolais pour pouvoir arrêter les massacres une bonne fois pour toute,", confie-t-il à la Deutsche Welle.

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L'attrait du sous-sol

L'attaque est attribuée au Codéco, un groupe armé structuré autour d'une secte religieuse qui prétend défendre les membres de la communauté Lendu contre la communauté rivale Hema et contre les forces de sécurité.

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Dans un communiqué de presse, l'armée congolaise précise que depuis un certain temps, des affrontements ont été observés entre les groupes armés Zaïre (mouvement d'auto-défense) et la milice Codéco à Djugu, particulièrement dans la zone minière, pour prendre le contrôle des ressources.

Le lieutenant Jules Ngongo précise que ces groupes armés s'attaquent aux civils. Il tient cependant à rassurer la population sur le fait que tous les dispositifs sécuritaires sont en place pour renforcer la sécurité dans la région et que la justice fera son travail : "Il y a une carrière de mine d'or qui est exploitée artisanalement à sept kilomètres de Pluto, appelée Camp Blanquete. Deux groupes armés se disputent le contrôle de cette carrière, à savoir les milices Codéco et Zaïre. Certaines personnes se sont retrouvées entre deux feux, plusieurs ont perdu la vie et leurs cases ont été brûlées. Nous demandons à notre population de se désolidariser de ces hors-la-loi même s'ils sont de la même communauté," porte-parole de l'armée dans la région.

Pas de paix sans justice

Pour Jean Mobert Senga, chercheur à Amnesty International, ceux qui commettent ces crimes doivent répondre de leurs actes devant la justice parce que sans justice, il n'y aura pas de paix dans cette région. "Notre réaction évidemment c'est de rappeler une nouvelle fois aux autorités congolaises de tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité des civils, prévenir et répondre de manière efficace, y compris en revoyant les mécanismes en place parce que clairement ils ont échoué. Ils doivent faire en sorte que toute mesure qui est prise tienne compte en priorité de la protection des civils, la protection des droits humains et qu'elle ne soit pas juste une réponse militarisée," martèle le chercheur.

La province de l'Ituri est riche en or et son sous-sol regorge également de pétrole. Le dernier massacre d'envergure attribué aux miliciens Codéco a fait 62 morts dans l'attaque d'un camp de déplacés en février.

Dans cette zone, les autorités ont interdit aux militaires de s'approcher des mines exploitées de manière artisanale par des autochtones et une population hétéroclite venant de plusieurs provinces de l'est de la RDC.

La position militaire la plus proche est située à huit kilomètres de l'endroit où le massacre a eu lieu.

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