Afrique: Le continent en quête d'innovation scientifique et technologique pour transformer son secteur agricole

10 Mai 2022
tribune

Face à l'insécurité alimentaire qui menace plusieurs centaines de milliers de personnes en Afrique en raison du changement climatique, les avis sont partagés entre experts et décideurs politiques. Les avis sont partagés sur l'utilité de l'innovation scientifique et technologique comme grand moteur de l'amélioration et de l'optimisation de la productivité agricole à travers le continent.

Réunis en marge d'une conférence internationale qui s'est tenue à Kigali du 26 au 28 Avril dernier, sous le thème : « Renforcer le rôle de la science, de la technologie et de l'innovation (STI) dans la transformation de l'agriculture et de l'alimentation », certains experts sont persuadés que l'agriculture africaine doit radicalement changer de modèle compte tenu du problème alimentaire qui ne cesse d'empirer.

Pour d'autres, il faut accorder une attention particulière sur des solutions adaptées aux réalités locales pour certains pays africains étant donné qu'une série d'initiatives scientifiques proposées antérieurement dans certaines régions à travers le continent se sont parfois heurtés aux blocages que constituent certaines politiques agricoles au niveau national.

La technologie et le numérique dans l'agriculture

D'après Dr. Ibrahim Assane Mayaki, Secrétaire Exécutif de l'Agence de planification et de coordination du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) qui est partenaire de cette initiative de recherche, « l'agriculture revêt une importance capitale pour plusieurs grands objectifs de développement en Afrique ».

Les projections officielles qui montrent que la situation actuelle risque surtout de s'accentuer dans les prochaines décennies, compte tenu que la croissance démographique en Afrique, avec 1,3 milliard d'habitants supplémentaires à l'horizon 2050, mettront encore plus à rude épreuve le système alimentaire africain.

Alors que les gouvernements africains sont encouragés à adapter des solutions innovantes dans l'agriculture et l'agroalimentaire pour assurer sa sécurité alimentaire et nutritionnelle et tirer profit du potentiel de l'agriculture au service de son développement, certains experts estiment important que les petits exploitants agricoles puissent bénéficier pleinement de ces services.

Parmi ces innovations qui doivent se matérialiser par l'adoption de nouvelles technologies et par la numérisation du secteur agricole en l'occurrence des systèmes d'irrigation à énergie solaire, des drones ou bien les smartphones et les objets connectés, les experts réunis dans la capitale rwandaise sont convaincus que de telles technologies peuvent changer la donne en augmentant la productivité et la résilience de l'agriculture de manière durable.

Selon Dr Canisius Kanangire, Directeur Exécutif de la Fondation africaine de technologie agricole (AATF), une structure de recherche panafricaine basée à Nairobi au Kenya, la création d'un environnement propice à la technologie et à l'innovation reste indispensable pour les pays africains.

« Cette approche innovante est essentielle pour faire face aux multiples contraintes qui entravent le développement du secteur agricole à travers le continent », a souligné Dr Kanangire.

Besoin d'investissements soutenus

En collaboration avec les différents partenaires, l'AATF veut s'assurer que les pays d'Afrique subsaharienne notamment puissent intégrer ces innovations technologiques dans ses projets agricoles étant donné que l'effort agricole reste insuffisant et compte tenu qu'un nombre limité de pays africains ont pu jusqu'ici honorer leurs engagements à allouer au moins 10% de leurs budgets nationaux à l'agriculture.

Pour que l'Afrique puisse réaliser l'Aspiration de l'Agenda 2063 à « Une Afrique prospère fondée sur la croissance inclusive et le développement durable », le continent doit investir dans une agriculture moderne pour accroître la pro-activité et la production ainsi que pour exploiter le vaste potentiel de l'économie bleue africaine, selon les experts.

Jusqu'à ce jour, les Etats africains, sous l'égide du NEPAD, ont non seulement pris des engagements chiffrés à Maputo mais également permis la mise en place de mécanismes de suivi et d'évaluation de la mise en œuvre de ces engagements, mais des experts déplorent la faiblesse des moyens et des données statistiques dans nombre de pays.

Le Rwanda figure officiellement parmi les pays investissant le plus d'argent public dans l'agriculture proportionnellement au budget national (ratio de Maputo supérieur à 10%).

La ministre rwandaise de l'Agriculture et des Ressources animales, Dr Gérardine Mukeshimana estime toujours "primordial" d'accélérer également la mise en œuvre de la "Stratégie pour la science, la technologie et l'innovation en Afrique 2024 (STISA-2024) " pour une transformation durable du secteur agricole en Afrique.

« Cette stratégie nécessite des investissements soutenus dans la recherche et le développement », a-t-elle souligné.

Une innovation marquée par des spécificités

Bien d'autres innovations ont été initiées dans la plupart des pays africains, les avis sont unanimes. Ils estiment que avancées technologiques doivent se consolider et se diffuser plus largement partout en Afrique Sub-Saharienne notamment.

Selon Dr Martin Bwalya, directeur par intérim de la gestion des connaissances et Évaluation du programme (Kmpe) au Secrétariat NEPAD, il s'avère également nécessaire d'adopter des technologies qui couvrent tout le spectre des systèmes agricoles.

« Mais les agriculteurs ont besoin d'adopter la technologie et les pratiques de gestion appropriées dans le cadre de l'environnement agro-écologique spécifique pour leur région », a-t-il fait remarquer.

Au Rwanda, par exemple, les technologies intelligentes et les méthodes de pointe pour la collecte de données ont fait chuter le coût de l'agriculture de précision, et ont dopé les rendements des cultures et aidé tous les agriculteurs, depuis les petits exploitants jusqu'aux géants commerciaux.

Les services de drones offerts par une entreprise locale sont axés sur la collecte de données en vue de fournir aux agriculteurs les informations dont ils ont besoin pour améliorer leurs pratiques agricoles. Ces services incluent la cartographie et l'arpentage de leurs terres, le développement de modèles altimétriques numériques et l'inventaire des cultures, indique-t-on.

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