Burkina Faso: Manif contre la gendarmerie de Yako - Le comble de l'insouciance

Yako, chef-lieu de la province du Passoré, dans la région du Nord, était en ébullition hier lundi 9 mai 2022. La raison de cette soudaine poussée de fièvre : le saccage et l'incendie du poste de contrôle de la gendarmerie à la sortie de la ville, sur la route de Ouahigouya.

Selon plusieurs sources locales, tout aurait commencé le samedi dernier lorsque le président des commerçants de Yako, el hadj Oumarou Kanazoé, a été conduit, menottes aux poignets, à la brigade de gendarmerie pour refus de présenter sa carte d'identité dès la première injonction.

Un acte jugé humiliant par la communauté commerçante de la ville qui a réclamé et (aurait) obtenu le même jour la libération de son premier responsable puis exigé la levée du point de contrôle.

Alors qu'une médiation était en cours ce lundi, un groupe de manifestants est allé saccager et incendier le check-point.

On croirait rêver. Et pourtant !

Ce mouvement d'humeur est-il révélateur d'un malaise qui existe à Yako, comme souvent dans certaines localités, entre les populations et les forces de sécurité, parfois accusées de rackets et autres indélicatesses indignes de la tenue ?

Pour le moment, on n'en sait pas grand-chose.

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Mais quelles que soient les motivations des commerçants, rien, absolument rien, ne saurait excuser, à plus forte raison justifier, ces actes de vandalisme.

Surtout pas dans ce contexte où les Forces de défense et de sécurité paient un lourd tribut à la lutte contre le terrorisme et ont besoin de notre soutien et de notre considération.

Surtout pas au moment où la nation continue de pleurer les cinq gendarmes tombés sur le champ d'honneur pas plus tard que jeudi dernier à Ouanobé, dans la province du Sanmatenga.

Déjà, les commissariats et postes de police, les brigades de gendarmerie et les détachements militaires sont régulièrement la cible des groupes terroristes qui écument nos villes et campagnes, semant à tout-va la mort et la désolation. S'il faut, en plus, que nous fassions l'affaire de l'ennemi par ce genre d'actes inconsidérés, ce serait vraiment le comble.

Certes, jusqu'à présent Yako et ses environnants sont relativement épargnés de la détresse sécuritaire qui continue de s'abattre sur plusieurs contrées du pays, mais les Yakolais auraient tort de penser qu'ils sont à l'abri du danger et qu'ils pourraient se passer de ceux qui ont pour mission de veiller sur leur sécurité ainsi que sur celle de leurs biens.

C'est le comble de l'irresponsabilité et de l'insouciance suicidaire et il faut espérer que ceux qui se sont rendus coupables de tels agissements vont subir la loi dans toute sa rigueur, ne serait-ce que pour dissuader d'autres Burkinabè de s'adonner à de pareils actes.

Au demeurant, par de tels comportements, on fait le boulot des djihadistes qui n'en demandaient pas tant.

Si ça se trouve, ceux-ci sont même en train de rire sous cape de ce service qu'on leur rend.

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