Burkina Faso: Recherches des disparus de Perkoa - Des OSC du Sanguié dénoncent l'incapacité de la mine

Ceci est une déclaration d'un collectif d'associations et d'organisations de la société civile de la province du Sanguié, relative aux évènements survenus le 16 avril 2022 à la mine de Perkoa. Dans cette adresse, elles dénoncent "l'incapacité avérée de la mine à donner des résultats probants"et demandent la prise en main des actions de recherches des disparus par le gouvernement.

Le 16 avril 2022, 8 travailleurs de la mine de zinc de Perkoa ont été surpris par les eaux de pluie et se sont retrouvés coincés dans le sous-sol de la mine.

Depuis cette date, aucun contact n'a pu être établi avec eux et la direction de la mine tente vainement persuader, sans pouvoir rassurer, que le dispositif existant, notamment la salle de refuge, pourrait au cas où les travailleurs y auraient accès, leur permettre de survivre plusieurs jours dans l'attente des secours.

Le délai du 5 mai 2022 donné par la mine pour atteindre la salle de refuge a expiré sans qu'il y ait une suite et plus les jours passent plus la vie de ces travailleurs est en danger.

Nous, collectif des organisations et associations de la province du Sanguié, remercions les autorités gouvernementales, régionales, provinciales, religieuses et coutumières qui ont bien voulu effectuer le déplacement sur le site de la mine de Perkoa en vue de s'imprégner de la situation et apporter leurs soutiens et prières en vue d'une suite heureuse de la crise.

La venue du gouvernement le 23 avril 2022 a marqué un tournant décisif dans la gestion de cette crise même si la semaine consacrée à cela est regrettable. Nul n'est besoin de souligner que ce sont les plus hautes autorités qui peuvent non seulement faire suffisamment pression sur la mine mais aussi c'est l'Etat qui peut mobiliser les secours nécessaires pour accélérer les recherches comme cela est le cas actuellement avec la présence à Réo depuis trois jours de trois membres du gouvernement. .

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Par communiqué du 4 mai 2022 le gouvernement annonce que : " la cellule de crise mise en place depuis ce jour (parlant du 16 avril 2022) est délocalisée à partir de ce mercredi 4 mai dans la province du Sanguié, région du Centre-Ouest, pour se tenir plus près du lieu du drame, suivre les actions de recherches et apporter le soutien aux familles ".

Les questions pertinentes que l'on se pose sont celles de savoir comment une cellule de crise a pu être mise en place depuis le 16 avril 2022 sans compter en son sein un représentant des familles? Comment une cellule de crise a pu se retrouver à plus de 150 Km du site ?

Lors de la rencontre de SEM le Premier ministre accompagné des ministres des Mines et de la Fonction publique avec les familles des travailleurs, à leur retour du site de la mine, le 1er mai 2022, SEM le Premier ministre a déclaré qu'il y a eu " des tâtonnements " dans la gestion de la crise et qu'il s'agissait d'une irresponsabilité de la direction de la mine qui a pu conduire à la situation.

Les éléments d'information recueillis de part et d'autre, convainquent que la mine de Perkoa fonctionne comme un trou d'orpaillage à ciel ouvert et la sécurité des travailleurs est son dernier souci.

Ce mépris pour la vie humaine s'est une fois de plus illustré, après l'inondation. En effet, la mine a masqué son incapacité notoire à y faire face et au lieu d'appeler très rapidement à l'aide extérieure, voire internationale, elle est demeurée dans son tâtonnement blâmable, ce qui n'a pas permis que des moyens adéquats soient mis en œuvre rapidement pour secourir les travailleurs.

La direction de la mine ne peut ignorer qu'une vie égale à une autre, fut- elle jaune, blanche ou noire.

C'est pourquoi nous, organisations signataires de la présente déclaration, tout en réitérant nos remerciements à toutes les autorités pour la prise en main de la crise, demandons au gouvernement de :

1-mobiliser davantage de moyens de secours pour accélérer les recherches ;

2-prendre en main les opérations de recherches en vue de pallier l'incapacité avérée de la mine à donner des résultats probants depuis maintenant 20 jours;

3-ouvrir, si ce n'est déjà fait, une enquête administrative indépendante pour situer les responsabilités et sanctionner les auteurs et complices à la hauteur de leur forfait;

4-donner les moyens nécessaires à la justice pour mener à bien l'enquête judiciaire ouverte à la suite de la plainte des familles des travailleurs;

5- prendre les dispositions nécessaires pour assurer un suivi psychologique des familles des travailleurs;

6-prendre les dispositions nécessaires pour qu'une telle situation ne se produise plus jamais sur un site minier au Burkina Faso.

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